Voici qu'il vient de nous quitter,
Cet inconnu croisé à peine
Chaque matin, forme lointaine
Dans la brume de la cité.
Il s'est éteint, sans même un nom
Pour habiter notre mémoire,
Sans une voix, sans une histoire
Dont l'oubli n'ait bientôt raison …
Voici qu'il vient de s'en aller,
Ce voisin de la même rue,
Du même immeuble … Ainsi s'est tue
Son ombre, sans nous déranger.
A pas feutrés, sans nous frôler,
Il est parti vers le silence
De l'infini … Dans une agence
Son logement est à louer …
Voici qu'il vient de nous quitter,
Ce collègue, ce camarade,
Qui saluait la cantonade
Parfois jusqu'à nous agacer.
Il s'est éteint, sans prévenir,
Et sa montre s'est arrêtée.
Qui, à sa place inoccupée,
Pourra s'asseoir et se tenir ?...
Voici qu'il vient de s'en aller,
Le plus jeune de la fratrie :
Si tôt s'est achevée sa vie,
Sans un adieu, sans un baiser …
Mais n'est-ce pas, plutôt, qu'il dort ?
N'y a-t-il pas sur son visage
Un souffle ?... Non, c'est un mirage …
Il est parti. Bref : il est mort.
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Pensée
Publié le 28/06/2021
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Dur poème. C'est triste mais beau. J'ajouterais que c'est très bien écrit, d'une grande limpidité. J'ai aimé cette lecture. |
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La mort, un sujet pas toujours facile à évoquer en poésie, et que tu maitrises parfaitement. Tant de vie qui se terminent un jour, comme ça, dans ce monde grouillant de vie et bouillonnant d'activité; tant d'existences qui s'achèvent, parfois dans l'anonymat le plus complet. Et tant de façons de dire de quelqu'un qu'il est mort, tout simplement, car il ne faut pas craindre les mots. Par ce poème, dont j'apprécie l'expression dans une certaine retenue qui rend le sujet encore plus parlant, tu replaces la mort au centre de la vie, car que nous le voulions ou non elle en fait partie intégrante. Un poème qui ramène à ma mémoire le souvenir de quantité de personnes dont j'ai appris le décès presque par hasard. Un grand merci, ma chère Ombrefeuille, pour ce partage qui peut nous amener à réfléchir sur notre propre manière de considérer la mort. *** |
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Matriochka |
bonsoir Ombrefeuille tes mots sont tristes et je repense à tous ceux que j'ai croisé et aimé et qui sont enfuis...tu sais décrire avec tes mots inspirés ce moment de la vie...j'ai apprécié ma lecture !en favori ! bonne soirée ! prends bien soin de toi ! au plaisir de te lire ! amitiés vives :) |
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romantique |
Magnifique et triste. Cet inconnu qui semble s'effacer... Mourir, c'est peut-être partir vers un autre monde ? |
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virgile |
Bonsoir, Il est de ces Ames, qui parfois, partent ainsi, dans le Silence du Silence !! Agaçantes mais si présentes que leur Absence , un Jour, laisse un Vide, un Quelque Chose de Froid .. Ta Plume leur rend bel Hommage .. ( Sur ce Site, une Ame n'a plus donné signe de Vie depuis avant Noël ... ) (?) parti sur la Pointe des Pieds .. (?) Bravo pour ton Texte , Amitié*** LyS .. |
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Lys-Clea |
Beau texte qui est matière à réflexion. Nous sommes tellement occupés par la vie quotidienne, métro/boulot/dodo, que nous ne connaissons pas vraiment les gens qui souvent vivent tout près de nous. Nous les connaissons à peine. Mais il se peu qu'alors on passe à côté de quelque chose d'unique. Voir le bonheur dans les yeux de quelqu'un pour qui s'arrête et prendre le temps d'une discussion, ne serait-ce que quelques minutes ou simplement pour dire bonjour. Alors ce proverbe ne s'appliquera pas à vous: "Le bien a pour tombeau l'ingratitude humaine." |
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Musouka |
C'est dit froidement et c'est pourtant chaleureux, le temps s'arrête pour lui le temps d'un poème sur sa mort, une lumière sur l'anonyme qui s'est éteint Bravo |
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Edelphe |
C'est bien ainsi que certaines personnes partent en silence... Nous sommes surpris et tristes surtout s'ils partent plutôt que prévus mais dans ma culture , on dit que ; seule la mort ne prévient pas et quand son heure arrive rien ne pourra l'arrêter en priant et espérant que les personnes vont pour un monde meilleure ... Merci et bravo Ombrefeuille pour ce texte élégant malgré la tristesse et qui parle vraiment à chacun ! |
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Yuba |
Grand merci à tous et à chacun pour vos lectures attentives et pour les mots que vous partagez ici, témoins de la résonance en vous de la mort et du rapport entretenu avec cette âpre réalité. Mon texte est né de cette simple expression annonçant un décès : "Untel nous a quittés", expression maintes fois entendue ici ou là, mais qui un beau jour a accroché mon esprit. Oui, la mort est une chose triste, et pourtant ce n'est pas cette dimension que j'ai voulu rendre dans mon écriture, mais plutôt sa survenue soudaine, son aspect factuel, brut. La dernière strophe est un souvenir personnel, puisque c'est ainsi que mon père est décédé, à 50 ans, brutalement, lui qui était le plus jeune de sa fratrie. J'entends encore l'une de mes tantes dire : "N'a-t-il pas souri, là ? On dirait qu'il va se relever ..." Car le trépas n'avait pas ôté de ses traits ce début de commencement de tout petit sourire à peine esquissé qui signait son tempérament farceur. En fait, les morts nous demeurent présents de mille-et-une façons, et la valeur de leur chemin à nos côtés apparaît de plus en plus vive, nette, au fil du temps ... |
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Ombrefeuille |
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