Bruits de bottes dans les rues,
Ordres secs, lourds grondements …
Etoiles jaunes cousues
Au revers des vêtements …
- C'était au-delà des larmes.
Se soustraire aux anathèmes
Du monstre avide et vengeur :
Faux papiers et faux baptêmes
Pour déjouer la terreur …
- C'était au-delà des larmes.
Le soupçon, vil et servile,
Peut-être dans ce regard ?...
Fuir alors, loin de la ville,
Fuir, avant qu'il fût trop tard …
- C'était au-delà des larmes.
Trop tard ! Planque découverte …
Trop tard ! Sinistre Vel-d'Hiv …
Trop tard pour donner l'alerte …
Trop tard ! Triste leitmotiv …
- C'était au-delà des larmes.
Trains lancés vers l'innommable,
Wagons puants, étouffants,
Pleins du silence insondable
Des cauchemars des enfants …
- C'était au-delà des larmes.
Baraquements, terre nue,
Barbelés, chiens, miradors
Et, telle une ombre aperçue,
La longue plainte des morts …
- C'était au-delà des larmes.
Or, un matin morne et pâle,
Cet assaut inespéré
Contre l'enceinte fatale,
Et soudain la liberté …
- C'était au-delà des larmes.
Endormie sur la boue noire
Où gisent les noms des camps
Et tapie dans la mémoire,
La déchirure du temps
Demeure, au-delà des larmes.
* * * * * * * * * * * *
Note : Le titre de ce poème est emprunté à Simone Veil,
rescapée d'Auschwitz-Birkenau
Elle ne parlait presque jamais de sa déportation et,
à un journaliste qui lui demanda un jour si elle avait
beaucoup pleuré, elle répondit ceci :
"C'était au-delà des larmes"
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Histoire
Publié le 19/07/2021
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bonsoir Ombrefeuille tes mots sont une blessure perpétuelle...comme je disais à Matriochka j'ai lu bon nombre de livres sur la déportation...et discuté avec d'anciens déportés...j'ai visité le seul camp de concentration en France... ces malheureux ont tant souffert et tu l'exprimes cette douleur avec beaucoup de cruauté et la nuit !vraiment j'ai été touché par ton poéme ! en favori ! bonne soirée ! prends bien soin de toi ! amitiés vives :) |
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romantique |
Bonsoir, Beau dans la Douleur de ces Larmes .. Je ne dis plus, tes Vers disent Tant !! Ils touchent, empoignent ... et les Larmes arrivent au bord en Pensées à Tous Ceux qui les ont eues dans le Silence de leur Douleur .. Amitié ** LyS .. |
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Lys-Clea |
" Au-delà des larmes ", une phrase simple qui a une puissance extraordinaire. Les camps de concentration ont été un " concentré " de souffrances et de morts ! C'est magnifiquement écrit ! ps: les vers heptasyllabiques sont très rares ici... |
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virgile |
C'est un poème excellent, très émouvant, intense et bien mené sur un sujet difficile et encore douloureux | |
Vermeil |
Je rejoins les commentaires de Virgile et Vermeil! Bravo! | |
sweet revenge |
Ton écriture révèle ici toute la force dont elle est capable, ma chère Ombrefeuille, et tu évoques cet épisode de l'histoire récente, où s'est montrée au grand jour toute l'horreur qu'on peut parfois voir dans l'humanité, d'une manière réellement parlante, qui (me) touche profondément au coeur. Simone Veil et toutes les victimes de la politique d'éradication du IIIème Reich (période que j'ai étudiée à l'université), quelle qu'ait été leur origine et qu'elles aient péri dans l'horreur des camps ou qu'elles en aient par miracle réchappé, méritent le plus grand respect car elles ont vécu un véritable déni d'humanité. Merci d'avoir parlé pour elles en ce poème, et de rappeler ce que fut l'effroyable vérité de cette sombre période. Et un immense merci tout spécialement de ma part (tu en connais la raison personnelle). |
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Matriochka |
Merci à tous et à chacun pour vos lectures attentives et pour les mots que vous avez su trouver, expression d'une mémoire collective que nous avons pour mission de garder vive. Il ne reste aujourd'hui que très peu de témoins de cette période de démence, aussi revient-il aux générations suivantes de transmettre la flamme de la conscience et de la résistance à la barbarie, quelle que soit la grimace dont celle-ci se "pare". |
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Ombrefeuille |
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