L'homme qui perd le souffle et la flamme première
Est jeune encore, hélas, il n'a pas quarante ans !
L'homme qui cherche encore à son heure dernière
L'Origine et le Sens, ces mystères si grands
Que nul prince ne peut les clore en son empire,
Cet homme, donc, s'en va. Du tréfonds de la nuit
Monte déjà l'écho du Temps qui se retire
Et de l'Eternité où se brise tout bruit.
C'est un siècle qui meurt au mitan de la vie,
On le disait brillant, impertinent, charmant,
On acclamait partout sa verve et son génie,
Mais on n'entendit pas son intime tourment.
On le disait aimé des dieux, chéri des muses,
Sans voir que tout passait, que rien ne le comblait,
Sans voir que les puissants le cernaient de leurs ruses,
S'imaginant dompter l'éclat qui l'habitait !
Wolfgang se meurt déjà, et l'oeuvre inachevée,
Poignante et fulgurante, mendiera les cieux,
Car la rive lointaine à peine devinée
En son ombre saisit la grâce et les adieux.
Voilà, c'est fait, Wolfgang est mort, la messe est dite,
Le silence sur lui referme son manteau,
La nuit froide s'étend et l'aube est interdite ;
Mozart est mort, il est si tard, il est si tôt ...
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Histoire
Publié le 05/12/2019
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Mozart est mort ?? mais tu me l'as pas dit ! moi je regarde pas les infos il faut dire qu'avec le gang des loups.......ama deus |
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marinette |
Merci, Marinette ! J'adore le décalé de ton comm ;))) Ben oui, ma pauv'dam' ! Ce bon Wolfgang a rendu le dernier soupir :( Heureusement, il nous reste sa musique ;) Et aussi sa quête inassouvie de Sens, qui le poussa à entrer en franc-maçonnerie, et qui peut nous entraîner sur les chemins les plus divers, car c'est une quête intemporelle. |
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Ombrefeuille |
Ton poème, écrit dans un style qui emporte le lecteur, dit avec une fougue toute poétique ce que l'on sait du grand Mozart, ma chère Ombrefeuille, cette quête de sens, de l'excellence de la beauté musicale qui l'a animé toute sa (trop courte) vie. Mais un musicien tel que lui (et d'autres) ne meurt jamais, car il vit éternellement dans sa musique, par essence immortelle. J'ai entendu l'autre jour sur Radio Classique que Mozart était le compositeur le plus connu et le plus apprécié dans le monde ;) Je pense que les deux oeuvres que j'aime vraiment le plus, personnellement, sont "la flûte enchantée" que j'ai découvert très jeune grâce à un livre-disque, et la Symphonie Concertante pour violon et alto, un pur régal. |
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Matriochka |
fascinant quelle plume quel talent amitiés:) | |
romantique |
Poème majestueux pour une année toute remplie de l'éclat de l'histoire en marche (j'aime à penser la cohue des Goethe, Beethoven, Hölderlin, Novalis, Kant, Danton, Robespierre, Louis XVI...), et le jeune artiste génial tire sa révérence, lassé de son siècle, pour aller proposer dans l'ailleurs le somptueux déploiement de ses dons inégalables ! Mozart est mort, vive Mozart, et bravo Ombrefeuille ! Être un franc-maçon en ces temps-là était une recherche ésotérique très sérieuse, la spiritualité y puisait dans un bain de jouvence quand la religiosité commençait à reculer. Mozart devait être universel en esprit. Tout génie l'est, Léonard et Einstein en témoignent. |
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jacou |
Merci à vous, chers Matriochka, Sylvain, Georges et Marinette (-re ... cela me touche et m'honore, crois-le bien) J'ai mis du temps, je l'avoue, à vraiment "entrer" dans la musique de Mozart. Eh oui, il y a des gens, comme moi, qui ont du mal avec ce qui paraît évident aux autres ... J'aime par-dessus tout le Requiem (qui n'est de lui qu'en partie ... ça commence bien !), la Symphonie Concertante pour violon et alto, une pure splendeur, tu as raison, Matriochka, et en règle générale les mouvements lents de tous ses concerti, celui pour clarinette en tête de peloton. Je ne sais si j'ai pu me nourrir d'un peu du talent de Mozart, cher Sylvain, mais son destin m'a vraiment émue, notamment l'incompréhension qu'il a souvent ressentie de la part de ceux qui, précisément, faisaient appel à son art. Eux voulaient célébrer leur propre grandeur, quand lui n'avait en tête que la musique et son insatiable recherche intérieure. C'est vrai, Georges, à son époque la franc-maçonnerie répondait à une recherche de sens, loin des fastes trop mondains d'une Eglise (d'une partie au moins de cette Eglise) où l'on croisait des abbés de Cour. Ceci dit, il y avait des évêques qui étaient francs-maçons également ... Tous les contrastes d'une société complexe sont ici effleurés ... J'aime ton deuxième passage "délirant" et génial, Marinette. Je crois que Mozart lui-même eût goûté ton talent et ton sens du décalé, car il aimait choquer pour réveiller les esprits. Tu es donc pile dans la note. |
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Ombrefeuille |
Merci pour cet hommage si bien rédigé . Il est mort dans l'oubli comme d'autres artistes mais ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, je ne peux que les envier même s'il n' était pas toujours apprécié à sa juste valeur, par envie également, un réel virtuose. Bien amicalement. Lyse. |
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marquisa |
Ta fine plume dresse un portrait poétique et poignant de Mozart, j'ignorais qu'il était franc-maçon... Merci pour ce poème biographie très beau, et ravie de te revoir sur Icetea Ombrefeuille ! :-) | |
Ombellune |
Passionnant ! Ce texte donne envie d'en savoir plus sur l'immense Mozard ! L'oeuvre inachevée gardera éternelement en nous une note de regret ... Bravo Ombrefeuille ! |
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Yuba |
Mozart est mort seul, Accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes. Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes. Ravel avait dans la tête une tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique. Ferré - Préface |
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marinette |
Merci à toutes (Mozart plairait donc plus aux femmes ?) pour vos passages et partages. Oui, la mort de Mozart est une figure de la mort de nombreux artistes dont on ne reconnaît pleinement le génie que plus tard ... J'ose un trait d'humour : Quid de nous tous ici, alors ??? ;) Chère Marinette ! Je suis flattée que mon poème t'inspire à ce point. J'aime quand tu écris "délirant", et je sais fort bien qu'il y a toujours un fond très riche dans tes mots, si fous semblent-ils ! J'en connais un peu sur la franc-maçonnerie, notamment pour avoir lu des témoignages d'anciens francs-macs. Cette société de pensée (ces sociétés de pensée, devrais-je dire, tellement les loges sont nombreuseset variées) a bonne presse en nos temps de quête effrénée de sens et aussi de contre-sens (on aime "déconstruire", vaste sujet). Mais je ne pense pas qu'elle soit aussi "glamour", si on accepte de me pardonner ce terme étrange, qu'on veut bien le dire. En effet, les loges, à des degrés divers selon les époques, ont toujours cherché à inverser les bases de la société. Et surtout à "déconstruire" le regard que l'homme porte sur lui-même et sur son "destin", sa finalité. L'un des exemples actuels est le transhumanisme, avec tout le flou que ce terme sous-entend. Qui plus est, les "Compagnons du tour de France" (ou "du devoir") n'ont rien à voir avec la FM. C'est plutôt la FM qui, depuis fort longtemps, "emprunte" les symboles des architectes et bâtisseurs, la règle, le compas, et aussi le mot "loges", ce terme désignant à l'origine les petites baraques temporairement édifiées tout contre les cathédrales que l'on construisait, et qui abritaient les ouvriers durant le chantier. Pour autant, loin de moi l'idée de prétendre juger Mozart plus de deux-cents ans après sa mort quant à son choix d'entrer en franc-maçonnerie ! Sa quête de sens était pour lui un véritable tourment, et il a pensé trouver là des réponses propres à étancher sa soif. Des réponses que l'Eglise de son siècle peinait à rendre accessibles. |
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Ombrefeuille |
Ombrefeuille votre poème est magnifique Il m'a emportée dans votre sillage et dans l'histoire de ce grand homme. Mozart est l'un de mes compositeurs préférés. Sa vie hors du commun m'a interpellée c'est peut-être également la raison qui m'a fait aimer sa musique. Un grand merci pour avoir su nous parler de lui avec poésie et beaucoup de talent. Belle journée à vous. | |
roserose |
Mille pardons, Rose, de ne répondre qu'aujourd'hui à votre commentaire si plein de justesse et de délicatesse. Avec le temps, l'itinéraire intérieur de ce grand compositeur, qui fut aussi un quêteur de Sens, m'interroge de plus en plus. Le rapport que chacun de nous entretient avec ce qui nous dépasse demeure un profond mystère et parfois seul l'art (musique, poésie, peinture ...) peut l'approcher et nous en ouvrir le parvis ... C'est sans doute cela, outre une grâce immense, qui habite les oeuvres de l'inégalable Mozart ... |
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Ombrefeuille |
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