Peu à peu l'aube étend
Sur la vallée son voile lisse
Je suis là, au bord de l'étang
Je suis las de toujours chercher le lys

Je suis là devant le vieux chêne
Je suis las d'être souriant
Mes pieds portent encore des chaines
Et je titube comme un saoul riant

Dressée là telle une statue
Tout se fige, le vent, le temps
D'amour je n'ai plus le statut
Moi qui pourtant t'aimais tant

A devoir marcher sur des œufs
Il a bien fallu que j'en abime
Mais maintenant sans toi, sans eux
Je coule vers les plus profonds abîmes

Ce qui avait été un amour naissant
Depuis ce jour a été mis à bas
Et ainsi que je suis nait sans
De moi il ne reste que les abats

De ton cœur j'en ai perdu l'accès
C'en est fini de cette douce ère
Ma vie pourtant vers toi s'axait
J'ai le souffle coupé, je n'ai plus d'air

Tu étais mon trésor, mon or
Je suis pauvre, je n'ai plus aucun sou
Encore de moi je suis hors
Je suis au trente sixième deux sous

Mes mots s'inscrivent de cette encre
La plume trempe ainsi dans le sang
Depuis longtemps tu as levé l'ancre
Je ne suis pas à bord, tu le sais, tu le sens

Ce n'est plus la vie qu'à pleine dents je mords
De notre amour ont été brisés les sceaux
Aujourd'hui je suis déjà à moitié mort
Il ne reste plus qu'à faire le grand saut

Peut être qu'en arrivant là haut
Je pourrais rebâtir un toit
Où je retrouverais ta chair et tes os
Ton esprit, où je te retrouverais toi

écrit le samedi 22 août 2009
par Nicolas Chaudoir
nicolas.chaudoir@gmail.com