Ce sera l'un de ces matins où je dors plus longtemps que toi
Tu m'attendras comme tu fais souvent quand mon sommeil s'obstine
Et des volets viendront danser sur les murs et dans ta rétine
Les points d'or d'un jour commencé qui déjà caresse les toits
Tu m'attendras comme parfois je traîne au fond de mes brumes
Légèrement tu bougeras ta tête dans les oreillers
Tu tourneras la radio dont l'œil vert lentement s'allume
Tu la feras jouer tout bas afin de ne pas m'éveiller
Et me laissant à mon désert tu écouteras la musique
Jusqu'à ce que parle quelqu'un qui rit se perd et se reprend
A tâtons ta main cherche ailleurs un autre ombrage murmurant
Une raison de demeurer dans l'inconscience physique
Puis l'impatience te vient de ce temps qui n'en finit plus
Et tu m'en veux de tarder tant avec toi de tourner la page
D'un roman qu'inégalement ensemble au lit nous aurions lu
D'indéfiniment m'arrêter à contempler la même image
Cela m'arrive à moi aussi de rester au bord des pensées
Comme une coupe à déborder de chagrin d'ombre et de rumeurs
Comme une mer à la jetée indifférente qui se meurt
J'imagine très bien sur toi le poids de cette nuit passée
Tous les songes accumulés Le sang qui bat dans les oreilles
Le ciel au-dehors blanc et bleu les balcons baignés de soleil
Et l'autre sans rien partager plus qu'une pierre au fond de l'eau
Dans le grondement de la rue et le bruit pressé des voitures
Peut-être que s'il renonçait à cette solitude obscure
Qu'il ouvrait les yeux tout serait comme avant possible à nouveau
Mais je n'ouvrirai pas les yeux J'aurai ce visage immobile
Que je m'ignore et ne pourrais que d'après toi réinventer
D'après cette aube de ton front et cette bouche à mon côté
Et les pavots baissés sur le regard la soie grège des cils
J'aurai ce visage inconnu qu'il ne me fut donné jamais
Ni dans l'eau ni dans les miroirs de reconnaître pour soi-même
J'aurais ce visage à toi seule un visage fait pour qui j'aime
J'aurais ce visage secret fait pour la vie où je t'aimais
Écrit par Naliwe Lewan
"Ces fantômes de chants l'aurore les nettoie
Et la main du soleil revenu les disperse Quand le grand jour m'en a lavé de son averse Ce que j'en puis savoir c'est qu'ils parlaient de toi" Catégorie : Citation
Publié le 07/10/2019
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"Il n'y a pas d'amour heureux" d'Aragon, cadeau d'une Lolita, m'avait marqué d'Aragon à 17 ans. Puis j'ai effectué un retour à la poésie longtemps après et bien avant d'en écrire, en lisant toute l'œuvre poétique d'Aragon (y compris le "Fou d'Elsa", et ses romans) et l'indispensable Éluard en vis-à-vis : deux œuvres poétiques qui m'ont transporté à tel point que j'ai faite mienne la poésie, et j'ai commencé d'en écrire cinq ans plus tard, après avoir fait un tour d'horizon des poètes. Mais le déclic de l'amour des poètes, c'est aux formules strophiques et versifiées tant diverses d'Aragon que je le dois, et son amour de toute la poésie d'expression française, son soin de la faire revivre et la maintenir pour les contemporains, est magnifique. De Charles d' Orléans à Apollinaire, Aragon a gerbé l'ensemble de cette poésie en moisson stimulante ! Merci Naliwe pour la citation hommage de ce beau poème. | |
jacou |