J'écrirai simplement là des mots banals et fiers
Avec un pied sans vertu et la rime grossière
Car je suis gauche un peu lent Je n'ai pas l'instruction
Qu'il faut pour t'écrire un poème ou une chanson

Je prendrai le temps qu'il faut je passerai la nuit
Penché par-dessus la table entre un verre et deux fruits
Je tacherai mon papier de gros traits dérisoires
Qui n'auront pour moi de sens que cachés dans le noir

Je laisserai sur la feuille exprès quelques dessins
Qui feront croire au brouillon d'un essai enfantin
Et t'éviteront ainsi la honte et la détresse
De devoir t'imaginer que tu es mon ivresse

Mon amour mes mots sont comme un écho de douleur
Qui me déchire et grandit comme un cri en mon cœur
Car je n'ai pas en mon front ce qu'il convient de dire
Lorsque je sens ton parfum et que je t'entends rire

Je prendrai donc ce qui vient ce qui coule en mes veines
Et dans ma main hésitante illettrée incertaine
Je rassemblerai mon âme et toute ma bravoure
Afin d'avouer avoir osé t'aimer un jour

Et j'aurai sur moi cet air de poète incompris
Quand tu me retrouveras au matin endormi
Affalé sur le bureau Dans l'ombre et la poussière
Je serai moi Mais crois-le j'aurai été sincère

Ainsi parvenu au terme ô combien maladroit
D'un discours mal affuté je penserai à toi
J'aurai en ma bouche alors comme un soupir d'aveu
Et n'aurai de cesse encor de songer à tes yeux