Une sensation étrange brûle mon corps et attriste mon esprit
Peu à peu mon fruit pourrit de mes yeux nouveaux
Derrière le merveilleux drap bleu de l'orange
Se cache finalement une toute autre réalité

Condamné est l'Homme de si peu de rêve et trop de raison
Mesdames et messieurs, mon fruit pourri est bouffé par un ver
J'ai eu le malheur d'écouter ses idées, ses paroles
Qui désormais ne cessent de résonner

Amère est ma plume qui ne s'exprime plus que d'une encre noire
Mesdames et messieurs, je crains d'aimer l'humanité.
J'aime l'humanité parce que je la déteste, je la déteste...
Elle nous a abandonné et par dessus tout elle s'est abandonnée elle-même

Son visage décomposé, son corps infirme, son âme corrompue… Voilà ce qui lui reste :
Elle a vendu sa peau pour s'habiller de Gucci ou de Zara
Elle a donné son corps à la science pour se découvrir de nouvelles formes
Elle a perdu son doux parfum de caractère, aujourd'hui,
Elle pue de ces odeurs que l'on trouve dans ces grandes surfaces.
Elle n'a même plus la gloire de penser le monde, c'est le monde qui la pense
Ce même monde qui l'enchaîne au désarroi du quotidien.

Bien entendu, l'humanité a cependant gardé un peu de son éclat
Dans ce tableau que je viens de vous peindre, avouons-le, aux couleurs ternes.
Elle a su préserver sa fausse liberté et son amour loin d'être propre.
Non, n'y voyez pas un brin de cynisme, non, ne croyez pas que j'ai la critique à vide.
Je ne suis pas fou, je ne résume pas l'humanité toute entière à un fruit sans noyau,
Mais plutôt cette humanité là.

Ma foi, celle-ci grandit dans la plupart des cœurs, et nos rues en sont remplies
Mais je garde espoir, sinon je ne serai plus là pour vous écrire...
N'y voyez donc pas de pessimisme défaitiste, seulement,
Sachez qu'en ces jours d'hiver, mon cœur est enrhumé...