Demain

J'ai tiré les rideaux de la grande fenêtre,
Entrouvert les volets pour sentir la chaleur
En des milliers de rais se poser sur mon cœur
Et transpercer ma peau d'un merveilleux bien-être.

J'ai lavé les carreaux pour faire disparaître
Les traces de regrets, empreintes de langueur,
Tirées de mes sonnets, de mes cris, de mes pleurs,
Car demain sera beau et bien plus chaud, peut-être.

J'ai fait du rangement, aussi changé les draps ;
Ce bel appartement, c'est sûr tu t'y plairas ;
Il est un peu petit mais tu t'y feras bien.

Ce n'est pas la maison, ce n'est pas comme avant,
Mais c'est là où je vis, sans fleurs et sans jardin ;
La faute à la pension versée à ta maman.

*

J'ai acheté pour toi un tout nouveau doudou,
Aussi quelques jouets, des crayons, du papier.
Je serai toujours prêt à jouer, dessiner,
Une maison, un toit, un pré et des coucous.

Tu viendras quelque fois avec cet espoir fou
De n'être plus jamais entre deux déchirée,
Et de tirer un trait sur un oui oublié,
Prononcé autrefois par deux anciens époux.

Tu n'es plus maintenant le fruit de deux amants
Mais simplement l'enfant d'un couple discordant
Séparé pour toujours, telle est sa volonté.

Les torts sont partagés, la requête signée.
Au revoir mon amour, adieu ma dulcinée.
Reprend ta liberté et laisse-moi pleurer.

*

Le soleil est parti, ne laissant que le soir.
Je ressent un frisson en me trouvant si seul ;
Le lit est en chiffon, le drap tel un linceul.
Le vide m'envahit, comme le désespoir.

Puis-je obtenir l'oubli, qui tel un reposoir
En pareille occasion m'apporterait le deuil ?
Du haut de ma prison je ne vois point l'écueil
Qui me rendit marri, me plongea dans le noir.

Je revois les photos, du début à la fin,
Je ne trouve nuls maux expliquant ce destin.
Je t'aimais tellement, tu me le rendais tant.

Je me couche et m'endors avec cette inquiétude :
Serai-je encore amant ou comme auparavant
Uni à mes remords et à ma solitude.