Quelle est cette bise, ce vent qui m'emporte ?
Vos poèmes m'épuisent, me mettent à la porte !

Tant de belles rimes qui heurtent mon cœur
Alors que je trime sur mes anciens pleurs !

Vous volez sur les cimes, surfez sur les hauteurs.
Je plonge dans l'abîme d'une antique douleur !

Alors de dépit je puise dans les lettres mortes
Pour écrire à ma guise ce temps qui me porte !

*

Enfin quelques mots dessinés à la plume
Pour exprimer mes maux, mon immense amertume…

Eh, zut, pas de vers, seulement des lignes !
Encore un revers, j'ai vraiment la guigne !

Ah, si j'étais Prévert, alors je serais digne,
Reconnu et couvert de tous les insignes !

Et si j'étais Rimbaud je briserais l'écume,
D'une main le marteau, de l'autre l'enclume !

*

Mais foin de ces rêves, je ne suis que moi,
Mon stylo fait grève depuis tant de mois…

Tant de jours sans rien, de jeûne, de disette,
Devant mon parchemin, mon papier à lettre…

J'espérais le destin des plus grands poètes,
Devenir enfin un objet de quête…

J'aurai voulu la fève pour devenir le roi,
Je n'ai même pas la sève pour vous mettre en émoi.