Dans ce coin oublié de savane africaine
Le crépuscule vient sur les monts et la plaine,
Le soleil descendant teinte de violine
L'ondoyant horizon du sommet des collines.

Alors que peu à peu la contrée devient sombre
Nulle fraîcheur ne suit la progression de l'ombre,
Venant du grand désert un vent brûlant sévit
Epuisant chaque jour toutes formes de vie.

La saison sèche dure au delà du possible
Le manque d'eau a fait un mal irréversible,
Dans les fonds des greniers il n'y a plus de grain
Les uns meurent de faim, les autres de chagrin.

De village en village, ainsi que chaque soir
Résonnent des tamtams tonnant de désespoir ;
Sur un tempo très lent, avec un son très grave,
Les grands tambours de deuil disent que tout s'aggrave.

Leur rythme lancinant révèle la douleur
De ces communautés frappées par le malheur,
Qui subissent leur sort sans aides ni secours,
Les pluies tant attendues seront le seul recours.

On sait qu'elles viendront mais on ne sait pas quand...
En attendant sévit un soleil coruscant
Qui alourdit sans fin le poids de ses ravages
En desséchant les sols chaque jour davantage.

Ecrasées de chaleur les journées sont sans fin,
Lourdes de désespoir pour ces gens qui ont faim ;
Chacun à sa façon supplie dieux ou esprits
De hâter le retour de l'eau source de vie.

Ainsi, de soir en soir, sur un rythme lento
S'élève vers le ciel un profond lamento.