Alexandrins sans rimes, mais pas sans raison.

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Elle partit confiante. Elle ne revint pas...

Le sac noir de maman est encore aujourd'hui
sur la table de nuit où le réveil s'est tu,
dans sa chambre déserte où elle le laissa
quand elle nous quitta pour gagner l'hôpital.

Dans ce sac que je mis bien longtemps à ouvrir
il n'y avait pourtant pas le moindre secret;
juste quelques objets, compagnons quotidiens,
devenus par sa mort épaves de sa vie:
son poudrier d'argent, un mouchoir de dentelle
sentant encor son eau de toilette au tilleul,
un bâton de ce fard dont elle usait très peu,
la photo des enfants dans un vieux porte-cartes,
et un carnet de bal, souvenir de jeunesse,
où on peut lire encor le prénom de papa
à la date du bal où ils se rencontrèrent,
d'où naquit leur amour qui dura soixante ans;
puis, et là je ne pus m'empêcher de pleurer,
protégé avec soin dans son écrin vieilli,
le tout premier cadeau que je pus lui offrir.

C'était un camée bleu cerclé d'or guilloché
qu'elle n'avait jamais espéré posséder
car le foyer avait bien mieux à dépenser,
c'est ce qu'elle pensait, d'abord pour les enfants.
Ce cadeau provoqua pleurs et rires mêlés,
y compris de papa tout heureux que leur fils
ait pu réaliser ce que lui n'avait pu.
De ce jour au revers d'aucun de ses habits
elle ne mit jamais que sa broche au camée;
elle veillait sur lui avec un soin jaloux
et ce bijou, c'est sûr, valait plus à ses yeux
que tous ceux du trésor des souverains anglais.

C'est pourquoi, moi vivant, personne ne l'aura...
Le camée de maman restera dans son sac !