Ziiiii-iiiiiii-iiiiiiiiiii … …
Vous la connaissez cette mélodie lancinante,
cette musique agaçante des chaudes nuits d'été?

Non?
Mais si… souvenez-vous… c'était la nuit dernière…
ou celle d'avant… enfin tout récemment…

Vous l'avez entendue tout près de votre oreille
pile au moment où vous étiez en train de sombrer
dans les bras doux et accueillants de Morphée…

Un moustique, car vous l'avez évidemment reconnu,
s'était introduit dans votre chambre à votre insu (bien-sûr)
et ce vampire miniaturisé n'attendait qu'une chose:
que vous vous couchiez pour venir vous pomper le sang
sans vergogne, et surtout sans votre autorisation préalable.

Dès que vous avez éteint la lumière,
il (ou plutôt elle, car chez les moustiques,
c'est toujours Madame qui s'occupe du ravito *)
est venue vous tourner autour en chantant
son horripilante ritournelle, ziiiii-iiiiiii-iiiiiiiiiii … …

Rhaaaaa! Un moustique!!
Du coup, vous voilà subitement tiré
des premières vapeurs de l'endormissement
avec une seule idée en tête:
éliminer au plus vite la sale bestiole
qui ne manquera pas de vous dévorer
si par malheur elle reste en vie.

Bien décidé à commettre votre forfait nocturne
sans aucun état d'âme ni sentiment de pitié,
vous agitez frénétiquement les mains autour de votre tête
dès que vous entendez le son caractéristique,
et ô combien irritant, de votre ennemi juré du moment.

Bien évidemment, vif et insaisissable,
l'empêcheur de dormir tranquille
échappe à votre charge désordonnée
et en profite pour passer lui-même à l'attaque
en vous piquant à un endroit qu'il juge appétissant.

Sentant l'insupportable chatouillis des minuscules pattes
sur votre épiderme sensible et dénudé,
vous vous assénez immédiatement une claque magistrale
dans l'espoir illusoire d'aplatir l'odieux insecte
sur les lieux mêmes de son larcin.

Mais, ayant deviné le coup de votre main meurtrière
bien avant qu'elle ne s'abatte sur elle,
l'énervante bestiole a déjà pris la poudre d'escampette
et revient vous tourner autour des oreilles.

Très peu enclin à ce que ce manège
dure toute la nuit et vous prive de sommeil,
au comble de l'exaspération, vous en venez
à lancer bras et mains dans tous les sens,
en vous agitant rageusement, espérant ainsi arriver,
à un moment ou un autre (mais le plus rapidement possible),
à votre but, faire passer l'importun de vie à trépas en plein vol,
quitte à prendre un sérieux coup de chaud,
à transformer votre lit en champ de bataille
et à expédier la lampe de chevet par terre.

Epuisé, au bout de quelques minutes de cette danse désarticulée,
vous vous immobilisez et écoutez attentivement…
Ô miracle! Plus un bruit dans la chambre!
Vous pensez alors avoir enfin occis le perturbateur
et, soulagé, vous ne tardez par à vous endormir pour de bon.

Pour vous réveiller, le lendemain matin,
le corps couvert de petites cloques rouges
vous démangeant épouvantablement.

§§§§§§§

(*)Les piqûres de moustiques sont toujours le fait des femelles, à des fins de reproduction, car elles ont besoin de protéines qui sont contenues dans le sang animal et humain pour la maturation de leurs œufs avant la ponte. Pendant la piqûre, la femelle moustique injecte de la salive anticoagulante pour mieux prélever le sang, et c'est cette salive qui peut provoquer une réaction allergique inflammatoire à l'origine des boutons qui démangent.

Je souhaite également remercier Vermeil, grâce à qui j'ai pu écrire ce poème. Car j'avais déjà l'idée de composer sur ce thème depuis quelques temps, mais sans saisir la manière de l'aborder. Et son poème "Le moustique increvable" m'a donné le déclic qui me manquait.