Quand j'ai trouvé la lettre
arrivée au courrier ce matin,
j'ai tout de suite su
qu'elle venait de toi.
Sans plus attendre
j'ai décacheté l'enveloppe,
j'ai déplié les feuillets
d'un papier joliment orné
où se déroulaient les lignes
de ton écriture fine,
légèrement tremblée.
Avec tes mots d'une touchante simplicité,
tu me parlais tout d'abord
de ta maison typique des cités minières,
dominée par de hauts immeubles modernes,
puis de ton beau jardin, microcosme de verdure,
monde de couleurs dans un univers gris,
où se côtoyaient fleurs, fruits et légumes,
enclos que tu avais loué à un sympathique maghrébin.
Tu me racontais ensuite
la vie montcellienne quelque peu engourdie, (*)
repliée sur son passé industriel perdu,
le temps qu'il faisait au fil des saisons,
la Saône qui, en ses périodes de crue,
menaçait de déborder sur les quais.
Tu évoquais aussi tes quelques sorties
en ayant toujours un mot de gratitude
pour ces messieurs-dames qui s'occupaient aimablement
de te véhiculer pour tes courses et tes démarches.
Puis tu abordais ce sujet plus douloureux,
cette maladie qui empoisonnait ton sang,
les consultations médicales, les examens,
les séjours à l'hôpital et les transfusions.
Et un jour, cette leucémie a fini
par t'emporter vers ta demeure d'éternité.
Notre correspondance a beau avoir cessé
depuis longtemps, par la force des choses,
en mon cœur je garde le souvenir, comme un petit trésor,
de ces lettres que tu m'envoyais régulièrement,
témoignages d'une vieille dame vivant de peu,
dans un quotidien fait de simplicité
et d'acceptation humble d'un mal sournois.
§§§§§§
Notes:
L'idée d'écrire ce poème m'est venue grâce à Lys-Clea après "Amicalement vôtre" (publié sur ce site le 16 novembre) et à Ombrefeuille après "Ecrivez-moi" (publié sur ce site le 26 novembre).
Merci à vous, chère amies :-)
J'y évoque la correspondance épistolaire suivie que nous avons entretenue avec ma grand-tante paternelle pendant des années, jusqu'à ce que la maladie l'emporte.
(*) L'adjectif "montcellien(ne)" désigne les habitants et ce qui se rapporte à la ville de Montceau-les-Mines
(Saône-et-Loire, Bourgogne).
Écrit par Matriochka
Côté ombre plume sombre, côté lumière plume claire.
Catégorie : Divers
Publié le 04/12/2020
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L'amour d'une tante ne s'oublie pas. Merci d'avoir poétisé une part d'elle, touchante et lumineuse. La fichue maladie ne l'emporte pas sur les beaux moments qui restent gravés... Cette lettre rayonne, merci Matriochka de ta grande sensibilité, bises *** | |
Asté |
beaucoup de moments heureux! que tu traduis avec ton coeur! cette correspondance lui a sûrement apporté beaucoup de joies! cet amour que tu lui vouais t'a déchiré à son décès hélas! j'ai connu aussi des blessures suite à la mort de mes parents! bon courage !bonne soirée! en favori! merci! prends soin de toi! amitiés automnales:) | |
romantique |
Bonsoir, Emotion "piquote" le Nez .. Touchant ! La Simplicité raconté dans cette Lettre est si Belle .. ces petits Riens, ces petites touches de la vie font la Richesse d'un Courrier, pour Celle qui é écrit, pour Celle qui a reçu .. Malgré ce qui est arrivé un Jour, ces petits Messages seront des Notes de Pensées tendres, au Relecture .. une Manière de faire revivre la Personne tant aimée .. Favori .. Et Ravie qu'Amicalement ait pu t'inspirer pour nous narrer cette Histoire .. Touchée que Toi et Ombrefeuille ayez eu l'Effet Boule de Neige ! Amitié *** LyS .. |
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Lys-Clea |
Merci, Matriochka, pour ce clin d'oeil aux textes écrits par Lys et par moi. En fait, c'est "la-faute-à-Lys", car c'est de son poème que tout est parti. Alors merci Lys itou ;) J'ai aimé lire cette "correspondance", car cette lettre toute de souplesse dans la prosodie et de la force des choses simples, m'a semblé continuer, en fait, un échange épistolaire qui a cessé par la force des choses. Sans doute ta grand-tante, que j'ai eu la joie de rencontrer, lirait-elle ta lettre avec un sourire lumineux sur les lèvres. D'elle j'ai gardé le souvenir d'une dame qui était la gentillesse-même et qui donnait l'impression que tout d'abord l'âme peut se rassasier de la beauté profonde des "petites" choses et que l'acception du plus dur était chose évidente. Je n'ai jamais entendu une plainte ou une récrimination de sa part ... Ton beau poème lui rend un hommage plein de vérité et de tendresse en même temps qu'il ravit le lecteur. |
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Ombrefeuille |
Rien ne vaut la vie toute simple , celle qui nous lie par son essentiel aux personnes chères ... Matriochka , il est vraiment touchant et doux ce poème et me fait souvenir des lettres que j'envoyais régulièrement , chez moi , pour donner de mes nouvelles , pendant mes années d'études universitaires ... J'aimais revenir sans prevenir surprenant ma mère , parler de moi, en prenant le thé sur la terrasse ... Un favori , pour moi ! |
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Yuba |
Un grand merci, ma chère Asteroidea, pour ton appréciation de ce poème issu de mes souvenirs. Oui, malgré la maladie qui a fini par l'emporter, je garde de ma grand-tante cette relation privilégiée que j'avais avec elle et tous les beaux moments que nous avons partagés ensemble, ainsi que ces échanges épistolaires qui ponctuaient notre quotidien. Touchante et lumineuse, tu as trouvé les mots justes, car c'est exactement ce qu'était cette dame dans la simplicité de sa vie, et c'est ce que je voulais faire passer dans mes mots. Bises amicales à toi :-) *** |
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Matriochka |
Merci beaucoup à toi, mon cher Sylvain, pour avoir apprécié ce poème et l'avoir gardé dans tes favoris. Oui, la perte d'un être cher est toujours un déchirement, et peut laisser une blessure, je comprends tout à fait. Je garde de ma chère grand-tante surtout le beau souvenir de tout ce que nous avons partagé, et j'espère que mes lettres ont pu lui apporter un peu de soutien dans l'épreuve de la maladie et de la fin de vie dans la souffrance. Et pour moi, recevoir ses lettres était toujours un moment de bonheur. Tout amicalement à toi :-) |
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Matriochka |
Un vif merci à toi, ma chère Lysée, pour ce nouveau favori, et pour ta lecture en finesse de ce poème. Notes tendres, petites touches, tu as trouvé de beaux mots de tendresse pour qualifier ces moments heureux qui ont l'air d'être bien peu mais qui étaient tellement à chaque fois. Et c'est justement par ces souvenirs que nos chers disparus restent vivants en nos coeurs! Merci à toi de m'avoir donné l'idée d'écrire ce poème grâce à ton "Amicalement vôtre". En toute amitié :-))) *** |
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Matriochka |
Merci vivement à toi, ma chère Ombrefeuille, pour ton impression sur ce poème, toi qui connaissais effectivement ma grand-tante. Je ne sais ce qu'elle penserait de ce poème, mais tu as tout à fait capté la simplicité de cette dame. Elle vivait de peu, mais jamais je ne l'ai entendue se plaindre, c'est vrai. Au fond, je crois que sous ses airs humbles, elle cachait en fait une grande force de caractère, une profonde sagesse de la vie et beaucoup de tendresse pour ses neveux et nièces, puis petits-neveux et petites-nièces. Et cet échange épistolaire privilégié que nous avons entretenu pendant de longues années reste un de mes plus beaux souvenirs. Merci également à toi de m'avoir donné le déclic pour écrire ce texte avec ton poème "Ecrivez-moi". En toute amitié :-))) *** |
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Matriochka |
Un grand merci à toi, ma chère Assia, pour ce favori, pour tes impressions et pour le partage de ce souvenir personnel. Je suis tout à fait d'accord avec toi, c'est dans la simplicité que nous touchons cet essentiel qui donne à nos relations avec les personnes qui nous sont les plus chères toute sa profondeur, personnes qui continuent par-delà la mort à nous communiquer leur amour dans les souvenirs des beaux et bons moments que nous avons passé avec elles. Tout amicalement à toi :-) |
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Matriochka |
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