Je suis venue dans ta maison
petite Patapon
à l'heure où paresse le soleil rubicond.
Il couvrait de son miel ton jardinet fécond,
en exhalait les arômes subtils et profonds,
coriandre, menthe poivrée, thym en bouquets tout ronds,
ton potager mêlé au velours des bourdons,
les fruits soignés par toi, tes gourmands rejetons.

Et ton chat alangui comme un roi du Japon
baillait dans l'herbe haute avec un air fripon.
Tel chat telle maîtresse, il miaulait qu'il est bon
à l'heure où l'apéro se dresse à l'horizon
de mélanger au rhum un zeste de citron.

J'ai dépassé ton paillasson
je suis entrée dans ta maison
avec la paix sur mes talons.

Au mur de ta cuisine séchaient des piments longs,
Prévert n'était pas loin, le gratin fleurait bon.
Sur ta couche trônait un solide édredon,
le coffre au pied du lit contenait un dragon..
Chaque pièce présentait une harmonie de tons
qui reflétait si bien ton âme patapon,
secrète, épicurienne, libre comme électron,
généreuse et timide en ses hésitations,
guitare, broderies, vieilles pierres et bois blond.

Isa pleure, Isa rie, quitte ses pantalons
Isa joue, Isa fleur, Isa dans mes jupons
Isa forte et fragile, Isa fait attention
Isa drôle, Isa belle... me fait de l'émotion.