C'était il y a trois ans,
Qui s'en souvient maintenant ?
Tombée sans bruit, partie sans un regard,
Sans ouvrir les cadeaux achetés sans hasard
sept jours avant une fête néanmoins célébrée
en France voire peut -être dans le monde entier.
Dieu t'a appelée en haut : "voici ton heure venue
Dans ce monde ici-bas, oui, je t'ai reconnue
Et te rappelle à moi. Oublie donc ta famille,
Viens prier dans mes cieux, même parée de guenilles."

Dois je souligner avec quelle cruauté
Celui que tu servais pourtant endimanchée
A jugé bon que tu serais mieux au ciel avec lui,
Lui qui règne pour des siècles en univers conquis ?
Dois je ajouter qu'Il t'avait laissée sursitaire,
pour finir de régler quelques dettes de misères ?

Je peux te pardonner si tu es près de Lui
Chantant avec des anges, déclamant ses louanges.
De Lui, je ne peux pas accepter sans un cri
la révolte grandissante qui sans cesse me démange.
Entrant dans une église, narquoise, je souris :
Cette fête commerciale chaque année me dérange !

A vous, tous les badauds, célébrez donc vos mères :
Elles ne seront pas là toutes vos vies entières.
Un jour, elles s'éteindront presque en plein firmament.
Embrassez les maintenant s'Il vous en laisse le temps.
De grâce, n'attendez pas qu'un seul jour vous permette
de leur dire : "Voilà des fleurs pour ta fête."