Un peu en retrait et dans l'ombre,
toutefois tout à fait perceptible,
je promène mon âme
et parfois ma carcasse
aux cotés de Perséphone.

Mon pessimisme en dedans,
mes humaines méfiances
n'ont alors plus lieu d'être.
Elle, elle fait ce qui lui chante
et elle chante Perséphone.

Elle chante en couleur,
elle trace à l'encre son chemin,
elle brode son quotidien,
elle s'habille de liberté,
elle se maquille de sa propre personnalité.

Légèrement émerveillé
par tant de talents,
de douceurs, de forces
et de fragilités,
je la contemple, Perséphone,
plus que je ne l'accompagne.

Elle a tout le temps du monde, Perséphone.
Elle est jeune Perséphone et elle le sait.
À la fois rêveuse et active,
elle ne cherche pas sa voie, Perséphone,
elle la fabrique.

Luttant dans un microcosme
fait de petitesse morale,
de bâtons dans les roues,
de jalousie rampantes,
de sourires factices
frappées d'inaptitude au bonheur
et de désert artistique...
Elle se révèle guerrière du quotidien.

Plus solide que beaucoup,
plus motivée et plus sage
que les egos sur-gonflés qui l'entourent.
Elle encaisse Perséphone et elle sourit,
décochant ses désopilants sarcasmes.

Si loin, si proche, Perséphone,
de son île comme de moi.
Je la regarde comme l'oiseau
au chant hypnotique qu'elle est.
Féerique papillon virevoltant
dans un corps d'antique Aphrodite.
Irrésistible Perséphone,
tu t'élèvera bientôt au dessus
de ce cloaque sans noblesse
dans lequel tous voudraient
que tu patauge…

Et moi, assistant à ton envol
j'aurais dans mon sourire
toute l'éloquence d'un silence
imposé par les émotions
les plus fragiles.