Les mots glissent, les envies fusent, la réalité n'est pas lisse, je ne veux qu'aucune idée ne s'use. Est-il normal pour le poète de chercher à tout prix la rime ? De faire jouer la grammaire, de survoler le dictionnaire ? Cela n'est en rien un crime ! Mais son art se résume t-il à des sentences qu'il accole ? Le résultat on le connaît : c'est un torrent de paroles. Ce qui donne vie à un poème, c'est l'humain qui se cache derrière. Qu'importe le ton, qu'importe le thème ! Au fond, nous sommes plus ou moins tous des frères. Je vous parle de la corde sensible, celle qui vibre chez chacun de nous : avec un peu de recul, ce son est facilement audible, et par lui nous formons un tout. Nous ne jouons pas à l'unisson, c'est ce qui fait notre richesse. Pour que le concert soit bon, accordons nous avec sagesse. Il en va de même dans tous les domaines, et pas seulement dans les poèmes. Avant de condamner autrui, penchons nous un peu sur lui. Le crime mérite punition, faisons honneur à notre espèce : ne laissons pas commettre, au nom de sa réparation, de toutes aussi larges bassesses ! Juger les autres à la lumière de ses propres valeurs, c'est reconnaître leur supériorité. Basons nous au moins sur des piliers qui à tous peuvent profiter : progrès humain, respect, partage et solidarité. Si la poésie est belle, c'est parce qu'elle touche l'universel. Inspirons nous de cette dernière, cette si douce chimère, inversons le courant du monde, son atmosphère moribonde. Une attitude poétesse, face à toutes les détresses. «Je est un autre» comme dit Rimbaud, personne ne mérite l'échafaud. Face à l'obscurantisme, allumons nos veilleuses. Sans aucun pessimisme, rendons la vie délicieuse.