(je comptais le poster le 14, mais ma connexion fonctionnait pas... oh, et ça commence en prose, mais juste pour placer le décor; le reste est en vers)
Je sais bien que c'est intolérable. Je sais comme c'est inquiétant. Que ne pas pouvoir sortir sans se dire qu'on devra supporter des regards pesants ou des sifflets stupides, c'est invivable. Je sais qu'à chaque coin de rue, il y a des abrutis pour qui vos fesses seront la fontaine de jouvence, tant qu'ils seraient prêts à y boire. Oui, l'air lascif et transpirant de laiderons pleins de graisses rances n'est pas doux à découvrir. Bien sûr que si vous êtes des perles, ces gens sont des huîtres, et une huître c'est moche -ne cherchez pas plus loin, cette métaphore s'arrête là. Il est certain que craindre sans arrêt que raccourcir sa robe ou même sa jupe dans le plus pur espoir d'être plus belle aux yeux d'un seul, voire de soi-même uniquement, est une bien piètre compensation quand on doit en devenir plus baisable pour trois-cents autres violeurs en puissance. Je ne doute pas que vous retourner sur chaque petit con qui vous appelle, ce doit être, plus qu'agaçant, infernal. Et oui, je sais que ces êtres qui sont à l'intelligence humaine ce qu'une triple fracture du tibia est au ski de compétition ne vous regardent pas vraiment, voire n'ont toujours pas regardé vos yeux en dix minutes de leur attentat à la connerie.
Mais femme, sœur, cousine, amie. Dis-toi que dans ces crachats, qui rongeraient de la roche, tu peux voir en chacun un compliment de ce que passer devant est pour eux une danse et toujours un spectacle;
Sache surtout, ma petite,
Que tous les hommes du monde
Ne te veulent tous du mal,
Et que pour chaque imbécile
Qui dans la rue t'interpelle
Juste pour jouer à celui
Qui pèsera toujours plus
Pour être toujours plus lourd
-Pour chacun d'eux, donc, alors,
Il y a cent autres hommes
Qui un instant t'aperçoivent
Et ne veulent que t'aimer,
T'être le meilleur amant,
L'homme dont tu rêverais;
Et que, parce qu'ils sont hommes
Et parce que eux, ils t'aiment,
Ils croient que t'importuner
Invoquerait ton mépris.
Enfin, fille, enfin ma femme,
Connais notre vérité,
A nous autres sales mâles :
Si rien qu'une seule fois
Dans une journée fort terne,
Une dame vient nous voir,
Nous accoster, nous siffler,
Cette journée, ma petite,
Sera parmi nos plus belles,
Car les hommes, ma Junon,
Sont des singes les plus seuls;
Et si toi, tu as le choix
Pour vouloir trouver le bon,
Le mâle est moins assuré
D'être aimé rien que par une.
Tu veux te venger, alors,
De ces hommes qui un jour
Te disent que tu es belle
Mais ne savent pas le dire ?
Venge-toi, sœur, je t'en prie,
En volant cette pratique,
Et siffle aussi dans la rue
Des hommes qui te décorent
Le regard, même un instant :
Tu sauveras les plus seuls,
Tu calmeras les moins sages
En leur donnant ce qu'ils veulent
A chaque petit passage.
Écrit par John Craft
Il est dit qu'être heureux relève du Destin,
Lors que ce sont nos vœux qui dirigent nos soins ! Catégorie : Amour
Publié le 16/02/2011
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Superbeeeee Bravo, j'adhère complètement du début à la fin ! Merci pour cette poésie galante Monsieur Craft ! amicalement Louann |
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louann |
Merci beaucoup Louann ^^ | |
John Craft |