L'accusée est condamnée à la perpétuité

La rage envahit mon coeur
Recroquevillée contre un mur, je pleure
Les poings serrés, la tête baissée, soumise
Comme dans un piège, je me sens prise.

Il y a des murailles autour de moi
Des montagnes de mots, des collines de lois
On m'a mise à part, on m'a internée
Dans un asile d'où je ne peux m'échapper.

Les liens qui m'empêchent de fuir
Sont si forts que je ne peux les détruire
Tout dans cette prison n'est fait que d'abstrait
Et je n'ai pas les armes qui m'en délivreraient.

PARCE QUE JE T'AI AIMEE

Parce que de tes yeux je n'ai pu quitter
La première lueur que j'y ai rencontrée
Parce que c'est sur ta douce main
Que j'ai posé la mienne, un matin

Parce que depuis ce jour, et sans arrêt
C'est ton visage qu'en moi j'ai ressassé
Parce que je n'ai pas su à temps
Enterrer à jamais ces instants

Parce que j'ai goûté au plaisir de t'avoir
Que te garder était pour moi un devoir
Parce que tu m'as offert tes lèvres parfumées
Et que c'est une drogue dont je ne peux me passer

Parce que je sais qu'au plus profond de mon coeur
Même après la mort persistera cette douleur

PARCE QUE JE T'AI AIMEE

Ils t'ont jetée dehors sans peine
Et malgré tout à mes yeux tu restais une reine
Les mille et un atours dont ils sont parés
Ne dépasseront jamais ta splendide nudité,
Les opales étincellants qui brillent à leurs doigts
Ne sauront m'éblouir comme tes yeux d'Athéna.

Ils m'offrent un bel homme, riche, et graissé
Mais comment pourrais-je seulement le regarder
Te sachant agonisante, seule dans les rues
Sans papier, ni argent, seule et perdue ?

Quelle fut ma faute en trop t'aimant,
Que me reprochent-ils au juste maintenant ?
Est-ce parce que, sans maison ni dot, belle âme,
Tu étais, ou bien parce que comme moi...
...tu étais femme ?

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Avis aux homophobes.
Ma belle Lorinda, qu'avons-nous fait ?
La folie m'a mené.