Fuir le compte à rebours, après lequel on court,
Prendre les armes et lutter à devenir sourd
Tel est le destin de cette âme vagabonde

Son chemin jalonné d'impressionnantes épines
Serpente au milieu d'une présence divine
Elle bondit de plat en plat à la mode immonde

Un dit jour des yeux multicolores la scrutent
Un autre une bouche grande ouverte l'ampute
Des tâches qui la saisissent et la nuit l'occupent

Quand l'univers se tait, quand le mystère se tapit dans l'ombre
Jamais elle n'évoque un passé troublé de quiproquos sombres
Qui la croirait, qui la suivrait, bercé par ce champ de décombres ?

Car sa curiosité la possède autant que cette crainte naissante
Jaillissant point par point, arrosant sèchement chacun de ses organes
Son rêve n'est plus que fumée parcourant un désert de flammes en transe
Autour d'elle tout crie l'illusoire, les faces se floutent et se fanent

Le sang de la reine coulera ce soir, rien ne retiendra son fard
Quelques perles froides s'égouttent déjà le long de sa manche ivoire
Un sommeil profond échouera bientôt pour la prendre sans crier gare
La rumeur de la cour aura l'obligeance de feindre l'au revoir

Le sang de la reine mouille mes habits, transforme le bleu en suie
Mes paumes meurtries par ses desseins oubliés tremblent et pleurent aujourd'hui
Par l'horreur de mon acte insoumis ou la victoire des incompris
Je suis ici libre de violentes folies la prédisant finie.