« Les rivières sont des chemins qui marchent et qui portent où l'on veut aller », Pensée 17, Pascal
« Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir. » Pensée 183, Pascal
Je suis un marcheur, un marcheur effréné, névrosé. Un pieds devant l'autre, mes traces brûlent le sol puis s'effacent sous des trombes de poussière en suspens. C'est tout mon corps qui se recompose par ce mouvement frénétique. Je vis en tant que je marche, sous la pluie des lamentations, sur les sourires discrets- les rires voraces, au milieu des soupirs de disgrâce...
Je piétine le bonheur de la manière dont on se plait à marcher sur une fleur qui a poussé au creux du goudron- comme par erreur . L'air devient nauséabond, je suffoque de cette joie exacerbée dont chacun veut se faire l'acquéreur. La dysphorie ne m'absorbe pas, non, c'est tout mon être qui s'en imprègne. Enveloppe contingente d'une chair qui se diffracte sous le prisme de la torpeur existentielle. Tels les masques du théâtre romain, les individus revêtent les figures de vies contrefaites. Traits tirés, allongés, déformant la réalité acerbe dans laquelle ils s'abiment. Je ris de leur triste condition- complaisance en un état qui constitue leur perte...
Je m'abandonne à l'oxygène...frais...l'espoir...pénètre mes poumons...fait vivre mon organisme...
Je pense à la mort mais respire la vie, c'est vrai au fond : est-ce pire la vie? Au petit matin, l'âme poète peint les soleils levants...au crépuscule...les soleils couchants -certes, topiques, mais recueillant l'essence d'un affleurement céleste. Au sein de l'azur baudelairien, je savoure la parturition de mon être. Les bourgeons en fleur ressourcent le temps suspendu des origines. Je me laisse couler le long de la rivière...bercé par les flots...je mène mon corps au précipice...Mais j'observe le rivage, l'eau caresse ma peau, je tends mes yeux à la lumière réfractée sur la surface cristalline...Des chemins de traverse m'appellent, je les suis...y rencontre d'autres existences, les greffe à la mienne...comme on greffe un coeur à la place de celui qui ne bat plus. La mélodie lancinante des jours heureux tinte à mes oreilles...je ne la repousse pas, sans y répondre, je l'accueille en mon creux...afin qu'elle remplisse un néant douloureux...
Voici une tentative prosaïque pour laquelle je me suis inspirée de quelques "Pensées" de Pascal
Écrit par Harmonie
Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie.André Malraux, Les conquérants
Catégorie : Divers
Publié le 16/07/2008
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J'aime assez... | |
eric |
Pascal t'inspire ... La philo te manque ? ;) | |
Nighty |
Merci éric. En fait Nighty, ma grand mère m'a donné un exemplaire des "Pensées" de Pascal qui appartenait à une grande tante vers 1914, elle faisait des études de lettres comme moi. Et c'est en lisant cet ouvrage avec plus d'attention que je ne l'avais fait au lycée, que je me suis rendue compte de la beauté et des vérités qu'il énonce. Voilà!! Bises à vous deux. |
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Harmonie |
Il suffit parfois de changer de contexte pour apprécier un livre. Lire de bon cœur celui d'une grande tante est plus favorable qu'un cours imposé par un prof parfois ennuyeux ... | |
Nighty |
J'aime bien!! | |
Michka |