Je ne pourrais pas dire que l'on ne m'avait pas prévenu.
Tu y laisseras tes ailes, tu y laisseras ta fierté,
Mais moi, je n'ai pas laissé, j'ai tout donné.
J'ai offert ma vie, j'ai légué mon bonheur comme une sotte ingénue.

Piteusement je pleure sur moi-même,
Je m'étends sur les restes de mes illusions.
Mais je ne peux renier plus longtemps mon cœur exsangue et blême,
Ni le goût amer que je sens monter à ma gorge portant le nom de déception.

Ce n'est pas dans mon cœur que tu t'es frayé un chemin,
C'est dans mon esprit que tu as planté tes griffes.
J'étais si naïve d'amour que je n'ai souffert de rien,
Et maintenant, oui maintenant, je rêve d'avoir fui de tes récifs.

Que me reste-il à présent, mis à part la peur de partir ?
Me battre est vain car tu sais user de tes mots,
Et je n'ai pas la confiance de te confronter au pire.
Je me sens usée, vide de chaleur, emplie de maux.

Mais rester, quel sombre horizon m'attend alors ?
Car tu as répertorié mes erreurs, ce sont là tes plus belles armes,
Mes défenses depuis longtemps tombées ne me protègent plus du tort.
Et bientôt, le genou à terre je demanderais le pardon avec des larmes.

Tu as semé la tempête en moi, et le conflit me dévore,
J'en suis devenue inapte à me rebeller, je n'ai plus cette résistance.
Et quand j'en trouve le courage dans un élan de défiance,
Je sais pour sûr que la chute ne sera pas indolore.

Je sais au fond que je n'ai pas de courage,
J'attends en silence que tu te lasses de ton jeu,
J'attends que tu me jettes hors de ma cage,
J'attends et je fais ce que je peux.

Si c'est moi qui pars, je me sais trop instable,
Mes convictions seront trop faibles et je te reviendrais,
Les conséquences n'en seront que plus abominables,
Et un jour, de tristesse, je pense que je mourrais.