Quand seule pour rentrer, assise dans le train,
Mon coude sur le rebord, la tête à la fenêtre,
Je regarde dans le vide, fixant un peu mes mains,
J'imagine devant moi, une ombre apparaître.
Ce n'est pas le reflet d'une simple illusion,
Ni même le résultat quelconque d'un dessin
Hasardeux aux trais imprécis, un peu brouillons,
Spectre illusoire d'un gribouillage enfantin,
Mais une couleur vive, éblouissante,
Eclairant tout autour, les coins les moins charmants
Suivie d'une silhouette, élégante
Tracée, rapide avec assurance, souriant.
Tes yeux brillent d'un reflet qui m'est agréable,
Semblent me raconter une histoire, je t'écoute,
Et ta voix au timbre parfait, admirable,
Je l'entends, je la perçois, sans aucun doute.
Et je suis là, seule, assise dans le train,
À sourire bêtement, voyant une illusion,
Ecoutant le silence, espérant que demain,
Sans avoir recours à mon imagination,
Au moyen d'une allumette qui se consume,
Je pourrais te voir, toi, sabre dans la brume.