Monsieur 100.000 voix
C'est le nom qu'on lui donne
C'est un perroquet, un ara
Qui imite comme personne

Serait-ce Thierry Le Luron
Réincarné sous ce plumage ?
Ce psittacidé a le don
De l'observation du langage
Il contrefait Simba le lion
Qui, forcément, en prend ombrage

Monsieur 100.000 voix
N'en possède que trente et une
Mais grâce à un gosier adroit
Il sait jouer de chacune

La belle Anne-Tarzane adore
Ce carnavalesque oiseau
Et souvent, d'un commun accord
Ils improvisent un numéro

Car l'un des petits passe-temps
De la princesse sauvage
C'est d'imiter les accents
Des touristes de passage :
Safaristes anglais, castillans
Explorateurs d'outre-rivage

Monsieur 100.000 voix gonfle
Les joues en un mime savant
Et prend une voix de trompe
Celle de Bébert l'éléphant
Qui, en barrissant, annonce
Anne-Tarzane et son tour de chant

La princesse de la brousse
Récite une fable indienne
Puis, sans transition, elle pousse
La canzonette italienne
Et tout d'un coup, éclabousse
La jungle d'une tyrolienne

Monsieur 100.000 voix enchaîne
En prenant un air retors
Et un timbre de croque-mitaine
Aux inflexions de Darth Vador.
On reconnaît sans trop de peine
La voix de Jack l'alligator

Les deux joyeux compagnons
Terminent sous les bravos
Par un medley de chansons
Aux tons de Puerto Rico
Un mélange de Muppet Show
Et de salsa du démon

A la fin, le perroquet
En se contractant le bec
Lance d'un trait, d'un seul jet :
M'enfin, ils sont dingues, ces mecs !

C'était la voix d'Anne-Tarzane !
C'est la seule phrase qu'il sache dire
En imitant Miss Savane
Qu'importe, ça la fait rire.

Les deux talentueux complices
Ne se lassent pas de leur pot-pourri
Vraiment, ce n'est pas un supplice
D'avoir un ara qui rit