Au loin, dans la nuit mystérieuse, se découpe, au cœur de la brume, la macabre silhouette d'un vieux manoir sombre et sinistre, semblant vouloir écraser de sa masse menaçante l'imprudent vagabond qui aurait eu l'audace de s'aventurer dans cette effroyable contrée. Cette demeure porte l'abominable nom d'Ugly Mansion, et sachez, imprudents voyageurs, que si vous voyez sa forme maudite se dresser devant vous, cela signifie que vous êtes entrés, pour votre immense malheur, au cœur du Royaume des Ténèbres. Vous vous trouvez aux frontières du Mal, et les signes de croix les plus fervents ne pourront vous sauver. Insensés et téméraires promeneurs, revenez sur vos pas, il est peut-être encore temps ! Si votre cocher n'est pas tombé du fiacre et si vos chevaux n'ont pas encore été foudroyés de terreur, faites demi-tour, fuyez ces lieux où vous risquez de perdre votre existence, votre raison, votre âme, votre… Oh, et puis faites ce que vous voulez, après tout, m'en fous, vous êtes assez grands, j'en ai rien à battre !!!

Les habitants d'Ugly Mansion, familièrement appelés les Z'horrifiques (avec Z comme dans « Z'ont de drôles d'allures ») sont prêts à vous accueillir.

Le maître des lieux est le comte Dracu de Basse-Fosse, un vieux vampire débonnaire, retraité, qui ne mord plus personne sauf quand on l'énerve, et qui assure sa subsistance grâce à ses réserves de sang synthétique, fabriquées par son ami et voisin le docteur Frankenschnock. Frileux, sujet aux rhumatismes, le comte dort dans un cercueil douillet et confortable, emmitouflé dans une chaude couverture écossaise.

Ganaëlle, la vieille sorcière, est une ancienne camarade de classe du comte ; elle remplit au manoir la fonction de cuisinière. Ceux qui n'ont jamais dégusté ses inoubliables spécialités, toutes issues d'une sélection du Reader's Indigeste, ignorent tout des raffinements gastronomiques les plus élémentaires.

Stanislas, le bon gros fantôme familial, est généralement assis dans sa bibliothèque-bureau, au milieu des portraits d'Erasme et de Rabelais, des bustes de Léonard de Vinci et de Pétrarque, travaillant (ou feignant de travailler – « feignant » est le mot juste) à l'histoire des Comtes Dracu de Basse-Fosse. Cet humaniste hédoniste a décidé, voici déjà un siècle ou deux, de prendre tout son temps pour mener à bien cette lourde tâche intellectuelle. Et comme il a l'éternité devant lui, il aurait effectivement bien tort de se presser !

Quasimodo Manontroppo, le fidèle domestique, se charge de toutes les petites tâches quotidiennes : il accroche les toiles d'araignée, entretient la moisissure, passe de temps en temps un coup d'expirateur… C'est également un fin connaisseur en liqueurs et apéros divers ; il s'occupe parfois du bar, où il prépare des cocktails aux couleurs bizarres et aux vertus fumigènes. Il a hérité de son lointain ancêtre, sonneur de cloches dans un célèbre monument parisien, une élégance et une classe naturelle que les majordomes de Buckingam Palace lui envieraient.

La duchesse Lémura est la sœur du comte Dracu. Passionnée de théâtre, sociétaire de la Spectral Shakespeare Company, grande actrice tragi-comique (particulièrement tragique quand elle joue du comique et inversément) et redoutable hypnotiseuse, elle pourrait reprendre à son compte la phrase de Coluche : « Je suis capable du meilleur comme du pire, mais dans le pire, je suis la meilleure ! »

Baphomette, la fille de Lémura, est une séduisante jeune sorcière, fan des raves, des discothèques et des métamorphoses animalières. Capable de se changer aussi bien en bébé kangourou qu'en pélican ou en harfang des neiges, elle est une ménagerie à elle toute seule, et de fait, quand elle est là, son oncle Dracu ne cesse de se demander : « Mais c'est quoi, ce cirque ? »

Etes-vous prêts à faire plus ample connaissance avec les Z'horrifiques ? Poussez donc la porte du Manoir…