Avec les livres pour compères, dans la bibliothèque
Presque seuls entre les rayons, ils sont tous deux au sec
Pendant que la pluie fine xylophonise et tambourine
Ils flirtent, garçon bronzé, jeune fille musclée mais fine

Elle, c'est Anne-Tarzane en escapade provisoire
Loin de sa jungle sauvage et de ses bagarres
Lui, c'est Zéphyr, son chéri, son fougueux poète
Étudiant philippin en licence de lettres

Anne-Tarzane a passé un pantalon moulant
Qui embrase l'iris de son romanesque amant.
Le châle sur ses épaules, protection contre l'ondée,
Elle s'en débarrasse, d'un geste plein d'idées;
Zéphyr palpe ce dos nu, qui semble dire : même pas peur
Et qui le remplit aussitôt d'une candide ardeur

Dissimulés derrière le rayon des tragédies antiques
Sentant couler entre eux de vibrants flux magnétiques
Ils se donnent en cachette une étreinte secrète
Un baiser de Vénus et d'Apollon musagète
Ils écrivent un chapitre ou un alinéa
D'une amoureuse Illiade, d'une indicible Néa