Au fond de ces instants ayant fait le présent
Où je suis ce poète écrivant face à vous
Se cache des trésors façonnés de magie
Mais au creuset des mots ne répondent présents
Que ceux où cette vie m'avait poussé à bout,
Exorcisme des maux donnant ma poésie.
Je suis la dans un arbre et je n'ai pas douze ans,
Le monde autour de moi bascule dans le noir
D'une soirée d'automne où, pressés, les passants
Ne prêtent attention qu'à leur bout de trottoir
Et ne m'ont donc pas vu monter sur ce vieux chêne
Au milieu du parc où je brise mes chaînes.
J'ai enfin décidé que c'en était assez
Et après le collège, au lieu du chemin
Que je prenais alors, j'ai laissé me guider
Mes pas inconscients sans opposer le frein
D'une peur viscérale à la froide raison
Me disant l'anormal de ma situation.
Quelques mots échangés avec un autre enfant
Dans la cour de récré et son regard ouvert
Incrédule et choqué m'ont rendu évident
Ce que je me cachais, la vérité amère
Ici à découvert : Il n'y a de tendresse
Dans les coups de mon père ouvrageant ma détresse.
Une résolution s'impose malgré moi
Et l'incrédulité quand je la lui expose,
A cet enfant m'ayant enfin donné le choix,
Un défi dans ses mots, il a peur que je n'ose
Aller au bout de ce qu'ici j'ai décidé,
Mais mon esprit déjà m'empêche d'hésiter.
Je laisse la journée s'écouler sans broncher,
Je raisonne en adulte et non plus en gamin
Apeuré et choqué, mon esprit réveillé
Travaille en harmonie pour me sortir enfin
Du présent de douleur où je suis maintenu
Par la perversion de cet homme perdu.
En quand est enfin l'heure où les cours sont finis
Je monte dans un bus que je n'ai jamais pris
Me conduisant pourtant en ce parc où je sais
Pouvoir trouver refuge, en ces géants primaux
Sachant me rassurer et même m'apaiser,
Y puisant une force où s'abattent mes maux.
Et la soirée avance au rythme de la vie
Des jeunes au pied de l'arbre partagent de la bière
Sans se douter que moi je les regarde faire,
Et en les écoutants je m'accorde l'oubli
Pour un petit moment, le témoin ignoré
De cet instant à eux où je suis libéré.
La mélodie des mots emporte ma mémoire
Un peu trop loin je crois pour que je laisse aller
Plus longtemps le ballet de ces tranche de noir
Magnifié du beau d'une plume rythmée.
La mise à nue je pense doit avoir ses limites
Et l'interrogation savoir se faire invite.
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Ne pas vouloir quitter cette jeunesse afin de ne pas sombrer dans ce monde d'adultes où leur vie est réglée d'avance, robotisée et standardisée, ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et refusent de lever la tête ne serait-ce que pour découvrir le vrai monde qui les entoure et surtout cet enfant qui les regarde mi-amusé et mi déçu. Cet autre enfant avec qui tu dialogues à la cour de récré ne serait-il pas un miroir qui te revoit non pas une réponse mais qui te revoit La Réponse? Finalement rester dans l'instant, celui qui est là et bien présent pour écrire non pas de flash back mais un évident et réel instantané du haut de ce chêne centenaire symbole de sagesse. Merci à toi Déhorian, j'aime ce genre de poésie qui sait se détourner du lapidaire pour appuyer le doigt non pas où ça fait mal (quoique) mais pour lever ce voile brumeux qui recouvre la lucidité. Bonne journée à toi avec mes amitiés. |
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mercury |