Je viens d'avoir dix-sept ans et en ce jour sacré ma vie bascule,
J'entends le bruit des rails et sens ces corps qui me bousculent ;
Une angoisse exacerbée, soudain pris de maux de ventre
Après avoir entendu ces rumeurs sur mon lieu de destination.
J'ai froid et faim, je manque d'espace, je suis au centre
D'une foule de gens étant la cible de cette conspiration.
Le train s'arrête, descendant en rangs nous sommes parqués,
A coups de fouets, on nous fait avancer le long de ce chemin ;
Une file d'attente, par un numéro nous sommes marqués,
Mon Dieu j'ai peur, que me réserve le lendemain ?

Les mots me manquent pour décrire ces jours qui s'écoulent,
Je me sens si faible à travailler dans ce lieu sinistre,
On nous fait écouter le discours de ce prétendu ministre :
Une solution finale, mais de quoi ceci découle ?
Les semaines passent, et la souffrance est à son apogée,
Les morts ne s'empilent pas, mais où sont-ils passés ?
Ces gens avec lesquels ces tristes jours j'ai partagé
Ne reviendront jamais, par ce monde je suis dépassé.

Les interrogations pourchassent sans cesse mon esprit :
Pourquoi suis-je ici ? Qu'ais-je pu commettre comme erreur ?
Sans réponse connue, mais j'accumule les coups pris ;
Ma vie s'est arrêtée le jour où j'ai connu ce lieu de terreur.
J'ai vu mes parents devant mes yeux, l'ont-ils mérité ?
Seule chose certaine : de ce triste sort nous avons hérité.

Maintenant les corps s'empilent, et cette odeur me donne la nausée,
Comme un des rares survivants, je me qualifie de miraculé.
Les décès furent si nombreux que je ne pourrais les calculer ;
La fin est proche, je rêve d'un cercueil où me reposer.

Trois années ont passé, mon heure approche, mon coeur vibre,
Puis soudain il s'éteint : merci mon Dieu, je suis enfin libre.