Notre solitude
Ô "Nous", vaste pluriel ! Ô mer de quatre lettres !
Gigantesque syllabe où rampent tous les êtres !
Nous sommes ! Nous vivons ! Nous nous ressemblons, frères !
Quoi de plus unifié, quoi de moins solitaire
Que l'immense tissu, tressé de nos doigts joints ?
Qui pourrait l'esseuler ?
Laissez-moi donc ce soin.
On plonge dans la mer, on se perd dans la foule
Et pour ces deux grands corps dont les flots se déroulent
On a la même étreinte emplie de désespoir.
On y cherche la paix, et le calme, et le noir.
On rêve d'y trouver un peu de la chaleur,
Un peu de ce feu mort qui vous endort le cœur.
Et dans cet abandon, nous nourrissons le Tous,
Ce ventre corrosif, hydre énorme d'où pousse
Cent gueules en bataille et pas un seul visage.
Voyez ce monstre absurde, à la fois blanc de rage,
A la fois mort de joie. Elle a mille yeux. Tous louchent.
Elle n'a pas de voix pour avoir trop de bouches,
Elle n'a pas d'idée pour avoir trop de têtes.
C'est nous tous qui parlons lorsque gronde la bête
Mais nul ne reconnaît le bruit qui en découle :
Dans la foule partout on déteste la foule,
Chacun méprise Tous et voilà le plus fort :
Tout-le-monde se trompe et personne n'a tort.
Or dans ce brouhaha où mille voix s'égarent
On entend bruire au vent des idées-étendards :
"Solidarité" (oh !) "Démocratie" (mon dieu !),
Tous ces rêves crevés dont le cœur s'est fait vieux,
Mais que, n'osant jeter, on garde pourrissants.
Et pourtant au milieu de ces mots rugissants,
Si l'on tend bien l'oreille, on peut entendre un air,
Comme un morceau de blues… Une plainte qui feule
Ses douleurs d'incompris.
Voici. La foule est seule.
Ta solitude
Pourquoi donc m'épuiser à parler au pluriel ?
Il faut que ce soit toi que mes rimes appellent
Et toi seul ô lecteur –si seul sur cette page.
Oh, bien sûr il y a tout ce bel entourage
Des sincères amis qui font la vie moins rude
Mais ces feux jettent l'ombre où dort ta solitude ;
Ce palais silencieux dont tu sais chaque salle,
Qui t'est tellement cher et qui te fait si mal.
Le tréfonds de ton être que rien ne peut extraire,
Tu le connais si bien mais ne sais que le taire.
Lors délaissant les mots pour l'idée nue du fou
Tu tentes de cracher l'immense petit bout
De toi. Mais, oh hélas ! L'idée n'est qu'un reflet
Du spectre sans contour que tu entends râler
Lorsque parfois, le soir, tombent les gouttes d'heure.
Car ce n'est qu'un élan, qu'une vague chaleur.
Ce joyau de fumée, noir comme un ciel mourant
Tiendrait dans une main et toi, tu tiens dedans.
Et si je le dis mal, peu m'importe lecteur
Car si tu fermes l'œil pour mieux t'ouvrir le cœur,
Tu y retrouveras cette bête cachée
Que nul autre que toi n'a pu même approcher
Et quand tu blêmiras sous ses douceurs si rudes,
Tu salueras pour moi ta belle solitude !
Ma Solitude
Vous la trouverez
Quelque part
Sous quelques vers,
Toute voilée de mots.
Vous ne la trouverez pas.
Écrit par Coccinelleamoustaches
Quoi ? Devise obligatoire ? On me force à me résumer en une phrase ? Il ne sera pas dit que je céderai devant la tyrannie. La noblesse de l'acte de résistance est un peu entachée par ma flemme de chercher, mais tant pis
Catégorie : Amitié
Publié le 31/08/2016
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La démocratie est en bouillie d'accord, le petit peuple, tout le monde est seul, tu le dénonce c'est assez téméraire et ça me suffit à penser que je le suis un peu moins... | |
eric |
Ô solitude, vaste sujet où l'on se perd en tant qu'objet, traité de main de maître et d'orfèvre aguerri ! | |
jacou |
Pour moi, c'est moins compliqué que ça. Il y a uniquement deux solitudes. Celle que l'on vit bien. Et celle que l'on vit mal. :-) |
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Iloa Mys |