Son passé, lentement, s'instaure et se déploie,
Comme un enfer sombre dans lequel elle se noie.
Toutes les choses autour d'elle s'éclipsent et disparaissent ;
Dans ces yeux des perles de sel et des pleurs naissent.

Elle n'incarnera plus jamais son ancienne innocence :
Ingénuité, candeur, naïveté, ignorance,
A jamais disparues, évanouies, dérobées ;
Elle aurait voulu à cet œil pervers échapper.

Ces mains obscènes la conduisent au déshonneur ;
Tout autour d'elle est cauchemar, tout est horreur.
Pourquoi est-ce elle que ses mains ont choisi d'immoler ?
Par rien d'autre que la peur sa vie n'a été marquée.

Dans un livre étranger quelque part caché,
Des mots en lettres de sang enjoignent sa destinée.
Elle ne doit plus que se taire et sans un bruit subir,
Dans son étreinte contrainte, elle se sent peu à peu faiblir.

Volant son âme comme il vole son intégrité,
Souillant son être comme il souille sa probité,
Devant elle dressé, sa main violant son corps,
Elle se sent s'abandonner, un sort pire que la mort.