EQUIVOQUE
Aux
Flambeaux
Chantant a capella dans un pèlerinage,
À Lourdes ou à Lisieux, peut-être à Nevers ;
Des ave à Maria dans un curieux verbiage
Lu sur un coupe-vent tenu par un convers ;
J'aperçus des dévots. … La chose n'est étrange
Ici, que parce qu'ils allaient, avec une jument.
Je me dis in petto, cet animal dérange
Ce pluvieux décorum dans ce grand déploiement.
Mais tziganes ils erraient, opiniâtres en phalange,
Retournant bien trempés, las, vers leur campement.
Ils fredonnaient têtus, lorsque nous nous croisâmes,
Un tango argentin du plus curieux fausset.
Vieux succès de Gardel. ô Dieu, paix à leurs âmes !
C'était bien « Caminito » et non pas un verset.
Les pèlerins marris, lorsqu'ils étaient croisés,
Subjugués, lisant bien malgré la paraffine,
Reprenaient tous en chœur, paroles apprivoisées :
« Un jour Napoléon, disait à Joséphine ».
Sous des dais de damas parmi l'or qui reluit ;
Les grands prêtres officiants obséquieux musiciens,
Haranguaient les marcheurs, « Oui ! Chantons sous la pluie !»
Et « Singin's in the rain » swinguaient ces paroissiens.
Du grand balcon du ciel, Dieu, son aréopage,
Lassés des facéties de ce mauvais clergé ;
Décide derechef et en grand équipage
D'accentuer la pluie, sans aucun préjugé.
Contrits dans leurs ébats, les fidèles entonnèrent
« Plus prés de toi mon Dieu », croyant au Titanic.
Le créateur fâché fit donner le tonnerre
Et les curés soucieux pensèrent,… à leur fric.
Dieu voyant qu'il fallait sans se joindre aux prélats ;
Mettre enfin un peu d'ordre à cette procession ;
Avec un arc-en-ciel s'en vint donner le « La ».
Aux novices et aux fats voyant intercession.
Les fidèles exaltés par « Over the rainbow »
Swinguant avec des noirs fiers dans leurs beaux costumes ;
Aux sœurs de charité faisaient chanter Rimbaud ;
Par ce fait aux ferveurs ramenant la coutume.
Çà et là on clamait de forts « Alléluié » .
Certains, moins timorés, ne voyant pas Marie ;
Tout en se déhanchant twistaient « Y.M.C.A.»
Les curés se pâmaient , « Dieu quel amphigouri » .
Ainsi interpellé « Il va bien nous falloir,
Ange Gabriel, dit Dieu, orchestrer ces musiques.
-N'est-ce point trop paraître ? –Non ! Modeste à-valoir,
Tentez donc d'unifier ces chants peu liturgiques.
En costume de cuir allez à Massabielle.
Paraissez et prêchez, Notre foi desservie ….
Mais tous, je dis bien tous, vous chanteront :…. Gabrielle,
Tu brûles mon esprit, ton amour étrangle ma vie.
Charles sabatier
Écrit par CharlesSABATIER
Branleur MONDAIN.
Catégorie : Spiritualité
Publié le 13/11/2019
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Sublimes facéties, vos vers ont de l'audace et du charme, je me régale à vous lire et vous remercie tout bêtement de publier ! Du swing, c'est parfait, la musique c'est ce qui reste de plus palpable comme écho des cieux. | |
jacou |
Va y avoir du monde dans les sanctuaires, je ne vous dis que ça !!! Bon ... La ferveur risque fort de s'en voir quelque peu chamboulée ... Quant à moi, je choisirai le silence d'un solitaire ermitage, la pop-louange ayant sur moi l'effet du vinaigre sur les mouches : un répulsif absolu ! ;) Bravo pour l'humour décoiffant de ce poème où il ne manque aucune ritournelle, souf peut-être ... "Le Sermon du boogie-woogie" ... :) |
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Ombrefeuille |