A peine déchirées les peaux de mes tambours,
Peut-être croyais-tu me condamner au silence,
Croyais-tu vraiment pouvoir me tenir prisonnier,
De ces pièces vierges dont je connais tous les recoins ?

Sans m'imposer, je n'étais jamais très loin,
Témoin muet mais présent de toutes tes mutations,
Lié par de nombreux pactes, j'ai suivi tes pas,
Pesé dans chacun son lot d'allégresse, de chagrin.

Tu n'as sans doute pas remarqué les saisons défiler,
Ma peau de caméléon muer, mes racines grandir,
Dans quel bras croyais-tu t'abandonner les soirs trop lourds,
Quelle lune berçait tes nuits, quel soleil baignait tes réveils ?

Je suis heureusement plus qu'un simple fantôme,
Même si chaque jour, une nouvelle partie de moi reste éteinte,
Je n'ai plus de sable à jeter sur les ruines fumantes
D'un passé qui n'intéresse ni mes enfants, ni mes aïeux.

Aucun mythe ne me nomme car tous ont choisi de m'ignorer,
Trop présent pour être craint, trop ancien pour être cru,
Moi qui ne voulais me lier qu'à ton seul destin,
Renaître, vivre et mourir avec les vents qui te portent.

Mais si toi aussi tu me refuses,
A quoi bon continuer cette histoire,
Peut-être vaut-il mieux la laisser s'effeuiller avec ces mots,
Ceux qu'on transmet en en perdant quelques morceaux en chemin.

Passe ta Route voyageur, garde ta pitié,
La compagnie des cailloux et des mauvaises herbes me sied,
Je préfère garder mon nom que d'usurper celui d'un héros tombé,
Laisse-moi mon anonymat car au moins il m'appartient…

08/01/2005