Mes rêves semblent me tenir éloignés,
De leurs attaches, de leurs souvenirs,
Comme si chaque matin je devais oublier,
Que demain je devrai encore mourir.

Comme une berceuse, un conte d'enfants,
Où tout finit mieux qu'il n'a commencé,
Mes blessures se referment l'espace d'un instant,
Et je crois retrouver une certaine sérénité.

Les armures et les masques tombent,
Comme si les peurs n'avaient plus de sens,
Loin de l'orage et du fracas des bombes,
Le bonheur semblait m'accorder une seconde chance.

Une seconde chance de refuser l'errance,
La fatalité de ne suivre que les échos,
De ceux qui règnent par arrogance
Et la suffisance de leur ego.

Le pouvoir n'est qu'un paradis de plus,
Une place forte avec ses codes et ses règles,
Que seul peuvent suivre quelques rares élus,
Crois-tu pour autant qu'ils volent avec les aigles ?

Les vrais seigneurs savent ce qu'ils ignorent,
La raison de leur folie, les limites de leur sagesse,
Mais aussi avancer avec le poids des remords,
Vivre avec le poids de leurs faiblesses.

J'ai pu partager l'humilité des plus grands,
Dans ces soirs longs comme des fresques,
Chacun d'eux survivra au feu et au sang,
Hantera ma mémoire quand tomberont leurs rivaux burlesques.

Laissez-moi ces bribes de gloire,
C'est un peu de ces amis rares que j'emporte,
Je n'ai plus foi qu'en leurs étendards,
Les seuls dignes de surplomber ces terres mortes.

Demain n'est peut-être plus si loin,
Mais je saurai le repousser du bout de mes forces,
Garder leurs cendres de tous mes poings,
Les protéger de toute mon écorce.

Plus jamais de réveils livides,
Pas plus de rêves sans lendemain,
Aujourd'hui je défie tous les oiseaux avides,
Venez m'affronter et mourrez de mes mains !

12/01/2005