Tu perles ces mots que tu enroules,
Tes bras en collier que tu enserres,
Ne presse pas tant cette vie que tu chamboules
L'heure n'est qu'à la graine, patiente en serre.

J'ai su l'inconstance de la jeunesse,
Qu'à vouloir tout vivre on effleure à peine
L'importance des mots, le vrai sens des caresses,
On compte plus qu'on ne compte, le coeur se promène...

Mais si je t'aime à pas de géants,
J'ai aussi peur que tu t'égratignes
Sur cette peau de marbre blanc
Dont nombre me jugent indigne.

Déjà au loin je devine les énigmes,
Car aux yeux inquisiteurs du public,
Chacun de mes pas défie leur paradigme,
Chacun de mes mots nargue leur sémantique.

En bon coupable que tout désigne,
De n'avoir retenu de mes errances
Que raison peut se perdre entre deux lignes,
Que tout change, même le visage de l'Innocence.

Ton monde m'intrigue, ton monde m'échappe,
Moi qui croyais courir vite, me voilà dépassé;
Tes sourires me happent, tes colères me sapent,
Tes phalènes vacillantes me font presque pleurer...

Mais tout ce fard que tes regards diffusent
N'alimente que fantasmes vides de bon sens,
Alors je dépose ici, devant ce corps que je récuse
Ces attentions à qui je n'ai donné que trop d'importance...

Pardon d'avoir succombé, sans aucune retenue,
De n'avoir su résister, pardon d'y avoir cru...
A ces heures décomptées, ni vainqueur, ni vaincu,
Circée de mon Odyssée,au moins ai-je survécu...

02/03/12