Le délire,
Ni jour, ni nuit, que le néant, que le chaos
J'ai dans la tête, des mots, des lambeaux de mots
J'ai peur de penser, rêver, j'en perds la raison
Un vent de folie m'envahit, tout est abscons.
Un feu grégeois, embrase, incendie, les gréements
Du vaisseau de mon esprit, je sais qu'il me ment
Celui que je suis, j'ai pour lui que du mépris
Tout n'est que furie, tromperie et duperie.
Je sens venir la vague qui va fracasser
Briser, en mille parts, les tableaux du passé
Mes souvenirs. Je suis un marin en péril
J'ai peur de m'échouer sur des rochers stériles.
Opiacé,
Lancinant souvenir qui s'accroche au passé
Un voile trouble de fumée opiacée
Embrume par de belles volutes mon esprit
Qui se perd, errant sur les chemins de l'oubli.
Et là, émergeant du néant, je vois son corps
J'entends sa voix. Elle marche, son pas est sonore
Il résonne doucement, me berce de joie
Besoin de ce délire fou à chaque fois.
Ethéromane de l'amour, j'ai pour secours
Les vapeurs nocives du poison, j'en savoure
La nuit, les bienfaits. Hors du temps, un instant
J'omets qui je suis, dans cet espace envoûtant !
Carcan,
Je veux quitter ce corps, sortir de ce carcan
J'ai l'esprit enchaîné, entravé par des fers
Je suis un dieu, je sens en moi ce volcan
Qui veut, qui va exploser, je suis en enfer.
Pourquoi, suis-je mortel ?, condamné à mourir
A subir les ravages du temps, ce temps si court
Qui fuit, qui s'enfuit, et qui me fait, tant souffrir
Luttant contre mes démons, sans aucun secours.
Dois-je supporter ce lourd fardeau, d'os, de chair
Qui au fil des jours, se racornit et flétrit
Le miroir ne ment pas, la vie ne vaut pas chère
Je rage et j'enrage, de vivre en sursis.
Narcose,
D'un lourd sommeil, je m'éveille, reste en éveil
Où suis-je ? Soudain, j'ouvre les yeux, merveilles
Et splendeurs, je suis sous l'eau, je ne comprends pas
J'ai peur de me noyer, de servir d'appât.
Pourtant rien, je ne suis plus humain, mais poisson
Je marche, je cours, sans respirer, tout au fond
De l'océan. J'entends ce silence abyssal
Je nage dans cet univers, c'est colossal !
Atteint de folie, narcose des profondeurs
Mon esprit se perd, divague, en baroudeur
Des mers, je me sens comme un dieu grec antique
Et je ressens en moi, une joie béatique.
Le miroir,
Ô brisez ce miroir, il m'est las de me voir
De jadis à naguère, un spleen à l'humeur noire
Errait tel un fantôme, au fond des souvenirs
Comme un chant cruel, il ne peut me rajeunir.
Mortel destin m'est réservé, je hais la mort
La camarde veut, me fait croire à l'oxymore
La clarté de l'ombre, la vie dans le néant
Mensonge en vérité, la fin, un trou béant.
Je suis condamné, tel Sisyphe, à supporter
A subir, le poids des ans, comment apporter
A mon lointain passé, les fleurs de la jeunesse
L'éclat délicat, reliquat de ma noblesse.
Ma part animale,
J'ai encore la part, cet instinct animal
On me dit civilisé, car je suis éduqué
J'ai par ma folie, le don de faire le mal
Avec moi, en vérité, les dés sont truqués.
Un jour, le tout-puissant m'a donné la parole
On me dit intelligent, réfléchi, savant
J'ai quitté l'état de bête, mais pour quel rôle
Celui de dominer, la terre, les océans.
Que suis-je au fond, un amas d'os et de sang
En fait pas grand chose, face à l'éternité
A l'infini, cet univers si angoissant
Me fait si petit, face à la réalité.
Léviathan,
Mon âme est solitude, un abîme si noir
Perdu sur les chemins pavés de désespoir
Un jour, tourments et peurs, j'ai cloué sur la croix
Ce grand équipage, sur un morceau de bois.
Entendez-vous les cris, des enfants de la nuit
Fils de démons, ils hèlent la mort à sortir
A quitter les enfers, nul besoin de sauf-conduit
Elle en veut à ma vie, je ne peux consentir.
C'est l'éternel combat, depuis l'aube des temps
Entre le bien et le mal, dualité
Le chaos a enfanté le Léviathan
Ce monstre sanguinaire, amère réalité.
Le feu,
Brûle feu ! Brûle feu ! A cramer mes entrailles
Nettoie ce corps pourri, je suis une canaille
Un malfaisant, moi qui n'a ni foi, ni loi
Les flammes de l'enfer fassent leur emploi.
J'ai volé par désir, tué par plaisir
La mort est ma maîtresse, elle a pour tout loisir
Le jeu mortel que j'ai la nuit, de ces deux mains
Je tords le cou des braves gens, pauvres humains !
Ces crimes affreux vont me mener à l'échafaud
A l'aube, je sortirai de ma prison, la faux
Du jugement tombera, ma tête roulera
Par terre et de dégoût, un témoin gerbera.
Écrit par CRO-MAGNON
Être doué en quelque chose, le talent se travaille mais le génie n'a aucune règle apprise et impose son style.
Catégorie : Amitié
Publié le 30/04/2017
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Joli texte Cro qui me fait penser à François Villon (non, pas François Fillon !) qui dans sa ballade des pendus raconte son sort et se lamente de sa vie dissolue qui a conduit la justice à le pendre (remarque, ça pourrait aller à l'autre aussi!). "La pluie nous a débués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis. Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais nul temps nous ne sommes assis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie." |
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eliosir |
Quand la poésie gratte les profondeurs de l'être avec une pareille puissance, ça remue forcement aussi dans le ventre du lecteur. Bravo ! |
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Iloa Mys |
Merci Eliosir, cool le poeme de Veillon. | |
CRO-MAGNON |
Merci ILOA, tu n'es pas la seule à trouver de la puissance dans mes textes, Jacou egalement. | |
CRO-MAGNON |
Une pléiade de poèmes qui augmentent d'intensité, jusqu'à ce final qui incendie l'esprit de qui le lie, avec son dernier vers éloquent. Une belle gerbe...de poésie. | |
jacou |
Merci Jacou, il ne suffit pas d'écrire ou de bien écrire, il faut interpeller le lecteur, c'est cela qui fait la difference ! | |
CRO-MAGNON |
Impressionnante cette série de poèmes qui donne l'impression dêtre inachevée tellement les textes sont fluides. | |
TANGO |
Merci Tango, une suite il y aura, j'ai encore pas mal de textes en réserve ! | |
CRO-MAGNON |
De beaux écrits Cro! J'ai aimé la force intérieure de tes poèmes. | |
suane |
Merci Suane, la puissance dans les mots ! | |
CRO-MAGNON |
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