Fête au château,
Chantez, ô belle enfant, les complaintes des troubadours
Des bateleurs aux jongleurs, la fête de l'amour
Bat son plein, les poètes charment de leurs vers
Le cœur palpitant des jeunes filles et celui de leurs mères.
Le chantre sur son luth, le trouvère à la douce voix
Tous, sont en extase par les sons qui les mettent en émoi
Le seigneur et sa cour, près de l'âtre fumant
Dansent et rient, mangent et boivent en bons enfants.
La soirée est animée, les villageois, comme les soldats
Participent au festin, seuls les mendiants ne s'amusent pas
Mais ils auront les reliefs, et tard, très tard dans la nuit
Les réjouissances se terminent et les ménestrels quittent le logis.
Saint-André,
Au passage du condamné, la foule crie
Vocifère, injurie, tels des aboiements
Leurs regards injectés de haine, de furie
Hèlent le bourreau, à donner le châtiment.
L'assassin monte les marches de l'échafaud
Lié, attaché, sur la croix de Saint-André
Et la barre de fer, s'abat, brisant les os
Des bras, des jambes, reins du supplicié.
Un silence de mort, plane dans l'assemblée
Roué de coups, le manant est à l'agonie
Les gueux sont satisfaits, le larron est damné
Son corps est exposé, pour marquer les esprits.
La quête,
Las, il s'étend sur le sable chaud du désert
Assoiffé, les lèvres en feu, il a besoin d'eau
Il perd tout espoir, que fait ce traîne-misère
Egaré dans cet endroit, loin de son vaisseau.
C'est un noble seigneur qui a quitté ses terres
Il est parti de France, chercher aventure
Et fortune, puis d'un port, il a franchi la mer
Laissant ses gens et enfants, labours et cultures.
C'était pour DIEU, délivrer les lieux saints
Son but et sa quête, permettre aux pèlerins
De voir Jérusalem, battre les sarrasins
Et prier sa foi, à genoux, l'esprit serein !
Le croisé,
Toi ! Chevalier chrétien occidental
Moine soldat, hospitalier, templier
Au nom et pour Dieu, par un départ brutal
Tu as quitté tes terres, sur ton destrier.
Béni par le Pape, tu cherches les honneurs
Le pouvoir et les richesses, de conquérir
Par l'épée et par la croix, même en grand seigneur
Tu combats avec tes soldats, sans coup férir.
Délivrer le Saint-Sépulcre des musulmans
C'est ton devoir de croyant et de militaire
Evangéliser, convertir les ottomans
Aux ordres des grands rois de France et d'Angleterre.
Le siège,
Le château fut encerclé, dès le petit matin
On pouvait voir au loin, se dressait les tentes
De l'ennemi, nous étions prêts, et par instinct
Chacun priait Dieu, longue était l'attente.
De hauts murs, fossés, protégeaient la forteresse
Sur les chemins de ronde, les archers scrutaient
L'horizon, attendant de prouver leur adresse
Sur l'assaillant, enfin le combat débutait !
Un déluge de feu, de pierre et de fer
S'abattit du rempart, en bas, des cris d'effroi
Des hurlements de douleur, ils vivaient l'enfer
L'odeur de chair brûlée, provoquait désarroi !
Les trébuchets balançaient des blocs, des rochers
Sur les parapets et les murailles explosaient
Sous les coups de boutoir, les soldats s'approchaient
Enfin pour conquérir, les lieux exposés.
Le combat était rude et âpre, ensanglanté
Les corps meurtris gisaient, les blessés réclamaient
Du secours, de l'aide, ils étaient achevés
Au fil de l'épée, les vainqueurs furent acclamés.
Vers l'An mil,
Vers l'An mil, on a vu poindre à travers, champs
Et forêts, campagnes et chemins, les maladies
Famines, le pire des maux, en pays Franc
La peste noire, nombreux perdirent la vie.
En ces temps obscurs, le mal est partout présent
La peur du leu, ce mangeur de femmes et d'enfants
Ce loup qui fait frémir d'effroi les paysans
Du Gévaudan, les puissants comme les manants !
Le glas funèbre d'une cloche, les sanglots
De pauvres gueux, devant le funeste gibet
Où le corps démembré, d'un vulgaire maraud
Reçoit même mort, moqueries et quolibets.
Le petit peuple croit en Dieu, sauver leurs âmes
Du péché, œuvre de Satan, le rend capon
Malgré les hérésies et les schismes, d'infâmes
Bûchers furent dressés, sans aucun pardon.
Gens de misère, au dur labeur, pour des seigneurs
Des serfs aux vilains, ils doivent pour eux, trimer
Suer sang et eau, pour le profit des saigneurs
Le destin n'était pas gai pour les opprimés !
Le gibet,
Dans un cachot profond, humide, obscur et étroit
Aux murs suintants et couverts de salpêtre
Un très vieux mage est enfermé par son maître
Accusé à tort, d'avoir offensé le Roi.
Enchaîné, affaibli, affamé, il se meurt
Attendant son trépas, lisant un manuscrit
L'enchanteur cherche un charme dans ces écrits
Au fond de son trou, entend dehors les clameurs.
Dans la cour du château, est dressé un gibet
Croquants et vilains sont venus de la contrée
Assister au spectacle offert aux illettrés
Voir au bout de la corde, l'homme s'agiter.
Le condamné sort, accompagné de gens d'armes
La foule conspue, le hue, l'accable d'injures
Le bourreau le prie d'avouer son parjure
Il monte vers la potence, sous le vacarme.
Et l'exécuteur, lui passe le nœud coulant
Le devin récite la formule magique
Trouvée dans son grimoire, instant maléfique
Il disparaît d'un coup, devant tous les manants !
La nuit de Gilles de Rais,
N'entrez pas dans ce sombre et lugubre château
Vous risquez votre vie, je vous ai averti
Gilles de Laval, baron de Rais, un héros
Au côté de Jeanne d'Arc, futur perverti !
Il fut brigand et obsédé par l'argent
Ruiné, pour l'or, il s'est tourné vers l'alchimie
Jugé et pendu pour l'assassinat d'enfants
D'hérésie, de sorcellerie et sodomie !
Son fantôme erre quelquefois dans les souterrains
On entend dans ces lieux maudits, les appels
Et les cris des victimes, quittez ces terrains
Allez prier, pour vos saluts, dans la chapelle !
Au Château de Machecoul, sous les décombres
Les âmes des martyrs, parcourent les enfers
Et hurlent la nuit quand elles voient passer l'ombre
De l'ogre, le monstre hante, aidé de Lucifer.
La lune éclaire le donjon de pierre
Le vent gémit et chasse les nuages gris
Et la Mort s'attache à cet endroit solitaire
Brûlant le sang noirci des souvenirs aigris.
On entend par moment la voix, près des grands frênes
Du défunt croque-mitaine héler les enfants
Qui s'égarent dans la sombre forêt de chênes
Qui sourit de plaisir d'un rictus triomphant.
Sorcellerie,
O mon bon peuple va chasser les sorciers
Et les jeteurs de sorts, les nigromanciens
Les adorateurs du mal, les initiés
Poursuivez-les et lâchez les chiens !
Mes braves paysans, vous avez capturé
Ce suppôt de Satan et de sorcellerie
Comment as-tu eu ces pouvoirs dénaturés
Dans les vieux grimoires, les livres de magie.
Maudit ! As-tu pactisé avec le malin
Invoqué le démon, pratiqué rituels
Opéré maléfices, fréquenté catins
Car tu vas subir la justice criminelle.
Bastonnade, noyade, même pendaison
Cela est trop clément pour les faits reprochés
Préférons te laisser le choix, avec raison
Aimerais-tu être grillé ou embroché ?
Accusé ! Nous ordonnons pour tout jugement
Celui de Dieu, l'épreuve nommée Ordalie
Tu prends ce fer brûlant et marche lentement
Sur neuf pas, hélas pour toi, car tu as failli !
Amenez les fagots, dressez le bûcher
Mettez le feu et que brûle ce malfaisant
Que les flammes de l'enfer viennent lécher
Son corps meurtri et qu'il retourne au néant !
Écrit par CRO-MAGNON
Être doué en quelque chose, le talent se travaille mais le génie n'a aucune règle apprise et impose son style.
Catégorie : Amitié
Publié le 26/04/2017
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Bonjour Olivier. As tu lu "Les piliers de la terre " de Ken Follet ? A toi qui aime la période du moyen-âge, je te le conseille vivement. Personnellement, je l'ai adoré. :-) Tu pourras nous raconter en poésie une part de grandeur de cette période ( le rêve ) et ainsi compléter ton beau bouquet. |
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Iloa Mys |
Une lecture riche qui nous donne l'envie d'écrire, encore, encore, merci Olivier pour ce partage |
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lefebvre |
De beaux récits moyenâgeux riches en vocabulaire. Chacun constitue un poème à lui seul. Je suis admiratif. | |
TANGO |
ILOA, oui j'ai lu les piliers de la Terre | |
CRO-MAGNON |
Daniel, tant mieux si cela te donne l'envie d'écrire encore et encore | |
CRO-MAGNON |
Oui TANGO, chaque poème est un poème indépendant | |
CRO-MAGNON |
Fresques 2 Les serves-compagnonnes Dans les châteaux de bienséquence Les femmes compagnonnes Ploient aux regards des comtes Elles portent robes noires De morne servitude Et les blancs tabliers De l’éclatante humilitude Les serves-compagnonnes Ont une adulessence Contrainte et forcenée Elles ont grillâgé Leurs juponnes bouffées Elles courent dimanche Les sabots à la main Perspireuses croquantes Vers le bal compagnard Des grosses mains pregnantes Dans les châteaux de bienséquence Chantent les voix perdues Des rêveuses compagnes. 21/2/90/10h30 j'ai travaillé dans un château merci olivier |
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marinette |
Merci Marinette, j'apprécie ton poeme ! | |
CRO-MAGNON |
Chacun de tes poèmes renchérit sur le précédent pour nous dépeindre un Moyen Âge d'âpres mésaventures, dur aux gueux et pas même sûr pour les croyants éperdus aux terres lointaines. J'aime beaucoup cette fresque rutilante où le sang coule à flots et l'on perçoit le fumet des chairs brûlées par malsaines habitudes. Alors bravo Olivier ! |
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jacou |
Merci JACOU, cela fait plaisir ! | |
CRO-MAGNON |
Tout le plaisir va aux lecteurs, car il s'agit là de tes meilleurs poèmes je crois pouvoir dire, avec les "Impressions" : en effet, ce que tu nous dépeins ici est plein d'une vie, atroce certes, mais c'est si vivant, un paradoxe heureux ! Que de châtiments, que de guerre de guerriers, et nous sommes au chaud ! | |
jacou |
Ma force est de pouvoir dépasser le poeme par lui-même, de lui donner ce petit plus ! | |
CRO-MAGNON |
c'est extra tes poèmes par thème tricheur je regrette de ne pas avoir eu cette idée bôf je serai célèbre à titre postrhume !! et bisou ça caille |
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marinette |
Sympa la vie de château avec toi ! J'aime beaucoup cette époque et d'un claquement de doigts, me v'là en Dame Frenegonde! lol beaux écrits Cro ! | |
suane |
Merci Dame Suane ! | |
CRO-MAGNON |
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