Bergère des neiges...

Sur les toits, la neige bergère de blancs flocons
Est venue dès l'aube chasser les ors de l'automne.
De son souffle, elle glace les sanglots longs
De la pluie grise d'un décembre monotone…

Les platanes frémissent sous le long frisson
Que la poussière blanche du manteau venteux
Enlace d'un baiser cinglant reniant la saison
Déclamant sa mort sous les pleurs d'un temps violoneux….

L'automne en robe brodée de notes chatoyantes
Agonise sous la morsure du froid murmure
Contant les blessures de la bergère errante
Sur les voix d'hiver floconnant ses larmes pures…

Vêtue de cristaux à la diaphane ciselure
Elle dépose sa traîne d'étoiles éphémères
Sur les horizons tristes brisés par l'usure
Des espoirs égrenant les saisons buissonnières…

Pleure bergère le lacté onctueux du chagrin
ourlant de perles glaciales les nuits évanouies
sous les milliers de pas laissés sur les chemins
menant aux aurores purifiées dans ton lit…

La beauté fluide de ton enivrante tornade
Parade sur les paysages telle une tocade
Impulsive qui fond sur l'impossible aveu
Une avalanche d'éclats de flocons gracieux…

Neige, neige, neige ta solitude bergère,
qui tisse le tapis blanc des versants solitaires.
Le vent du soir te porte vers l'immensité
Infinie que le temps achève de blesser…

Dans le silence de tes flocons tombés à terre
S'imprime le cri des pas violant le cimetière,
Où gisent les heures des saisons meurtrières,
Pour être le pur de l'impur de leurs colères…

Neige, neige, neige tes étoiles bergère
Sur les montagnes, les vallées, les croix de bois.
Le temps aux abois craint la griffe de ton doigt
lors que je saupoudre tes flocons sur mes hier…

Et ton manteau blanc devient le mien…