Laissez moi mes brunes par pitié !
Courez donc après les blondes, vraies ou fausses,
m'en moque, condescend, sourcil je hausse.
De l'ange elles prennent l'apparence, délaissent la pureté.

Leur image m'est douloureuse, gauche albatros atterri,
séraphins enchaînés au roc, souffrent à leur dur châtiment.
Si le ciel elles ont quitté pour un bref chatoiement
fantôme de gloire passée, l'or de leur couronne, je le nie.

Vénitiennes, auburn ou flamboyantes rousses endiablées,
ondoyantes flammèches, brûlantes de vanité : Par l'ennui hantées.
Conquérantes, audacieuses; elles savent un moment mon cœur apaiser.
Mais leur peau de lait ne savent des mots le sens : ni toujours ni jamais.

De ma muse brune enfin; sa pupille est brûlante à l'en dessus,
son port altier, jouant distance ou intimité; me fait chavirer,
tanguer, balancer, osciller. Me perdre comme me retrouver
de l'effroyable gel de la Canie aux bûchers du Nessus !

Qu'il en soit d'elles comme je conçois la bière ou le vin :
Ferment de la vie qui vous donne l'amer pour apprécier le doux
jouant des contraires, jamais perdues, cycles d'un tout.
Ne disant mot sur mes poèmes, et tout dans un sourire en coin

Enfin ce n'est qu'après ce long chemin de labyrinthe, de tour en atours
que ma liberté, gitanes, foraines, reines de mes jours m'avez rendue !
Yeux menthe ou glacier, noirs-noisettes préférés; danseuses aux pieds nus.
Un seul baiser pour m'écrier : Homme libre, toujours tu chériras l'amour !