Pendant que je montais l'escalier,
J'ai rencontré un homme qui n'avait jamais existé,
Je voulais qu'il parte mais il se tenait là,
Me dévisageait comme s'il était moi.
Peut-être était-il un aspect ancien
Des lointaines années quand je n'étais rien,
Quand je ne voyais dans le vieux miroir
Qu'une pâle figure venue du hasard.
Je voulais qu'il parte, obstinément, il restait là
Comme s'il voulait me confier un secret
Mais sa bouche s'était effacée
Il n' y avait plus qu'une horrible plaie,
Lentement, je le vis qui s'avançait
Quand soudain sa jambe s'est effondrée
Et bientôt ses membres se sont évaporés
Dans un silence tremblant de colère.
Tout s'est mis alors à chavirer,
L'escalier se démembra
Comme un pantin désarticulé,
Il y eut un grand fracas,
Qui s'évanouit dans le noir complet.
Je me suis réveillé dans un escalier,
Il y avait un homme qui lentement montait,
Il m'a regardé comme si je n'existe pas
Et m'a demandé de quitter son toit.
Comment le pourrai-je, lui qui est en moi,
Lui que je retrouve chaque jour,
Le long de ces marches sans fin
Dans l'enfer de soi.
Écrit par Banniange
Il faut habiter le monde comme un poète
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 07/08/2019
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Fantastique/Sf à découvrir... | Poèmes de Banniange au hasard |
Annonces Google |
Ton poème me fait un peu penser à Musset mais aussi à Polanski, pour l'ambiance de dépossession de soi qui est son élément principal. Mais foin des comparaisons qui entravent l'expression du sentiment personnel... J'éprouve, en lisant tes vers si variés, aux prismes variés de longueurs, une sensation que me procure tout bon récit fantastique : un sentiment de faire corps avec le néant, d'être une bouche qui crie infernalement, d'être enfermé en moi qui n'est qu'argile dispersé au vent. Tu as réussi tes effets : je frissonne et je relis et je broie, l'espace d'un instant, du noir. P.S. : j'ai enfin cherché dans une bibliothèque les ?uvres complètes de René Girard (en tout cas, ses 4 principaux ouvrages). Je vais enfin les lire, plaisir à venir. Merci Banniange de m'avoir apporté la référence à cet auteur. |
|
jacou |
Merci jacou, j'ai puisé dans mes souvenirs de lecture notamment "Les contes glacés" de J Sternberg et "Mémoires de l'ombre" de Marcel Béalu ainsi qu'une étrange comptine qui servait de générique dans un film captivant "Identity". Ps : Pour Girard, je me permets de te recommander "Mensonge romantique" en premier, tout simplement éblouissant! |
|
Banniange |
D'accord, Banniange, j'ai commencé ce titre, qui promet un beau parcours dans la littérature. Merci à toi ! | |
jacou |