Vous nous jouerez du Brahms aux heures vespérales,
Ses subtils contrepoints et ses danses hongroises,
Le beau Danube bleu charmeront les vestales
Inspiré par les gaz des lumières viennoises.
Puis, le Rigoletto, ce bouffon libertin
Animera les lieux quand viendront les catins,
La Judith de Lehàr en funeste maîtresse
Eveillera plus tard nos passions vengeresses.
Voyez la pie voleuse emporter le butin
Son bec nous fait songer à ces Juifs aquilins,
Il est temps, Maestra, lancez vos Walkyries
Que vos longs crescendo apaisent nos furies!
Le champagne flûtait en fringants menuets,
Les guirlandes volaient tels des serpents grisés
Et l'orchestre d'Alma enflammait les Aryens
Ces cruels conquérants qui ne seront plus rien.
Si parfois une odeur irritait leurs narines
D'un ferme camouflet, ils chassaient la vermine,
Si la vent gémissait en de rampants sanglots,
D'un geste souverain, ils fermaient les hublots.
Te souviens-tu d'Auschwitz quand les loups aboyaient,
Des étoiles mouraient pendues aux barbelés,
Te souviens-tu d'Auschwitz, ces nuits de cauchemar
Qu'un Dieu épouvanté fuyait dans le brouillard ?
L'orchestre des femmes d'Auschwitz était l'orchestre féminin du camp de concentration d'Auschwitz qui fut créé en juin 1943, sur ordre de la SS, par Zofia Czajkowska, professeur de musique de nationalité polonaise. Les membres de cette formation étaient toutes des déportées, qui se virent protégées par l'appartenance à l'orchestre de l'extermination dans les chambres à gaz, ou par les travaux forcés. Zofia Czajkowska fut remplacée en tant que chef d'orchestre par Alma Rosé, la fille de la sœur de Gustav Mahler, Justine, et d'Arnold Rosé1. Alma Rosé dirigeait précédemment un orchestre de femmes dans sa ville natale de Vienne. Parmi les 150 pièces du répertoire qui sont jouées, l'ouverture de La Pie voleuse de Gioachino Rossini, Le Beau Danube bleu de Johann Strauss, les Danses hongroises de Johannes Brahms, Judith de Franz Lehar, Rigoletto de Giuseppe Verdi.
Écrit par Banniange
Il faut habiter le monde comme un poète
Catégorie : Histoire
Publié le 11/01/2020
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La belle musique rend si vivant ce poème et par conséquent rend la mémoire à ces lieux par l'intensité de la trop triste histoire... Merci Banniange pour cet hommage dont les notes prennent à l'âme ! |
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Yuba |
Un très bel hommage qui réveille les mémoires!!merci pour elles.. | |
Aria |
Symphonies glaçantes interprétées sur la corde de vivre. Pauvres femmes. J'ai de la tristesse à savoir que la famille Malher (j'admire Gustav) fut liée à cette sinistre et néanmoins salvatrice orchestration de la mort. Merci pour le témoignage qui rend un hommage digne à ces femmes. | |
jacou |
Époustoufflant... J'en perds les mots, tout simplement. Un rythme solennel qu'apportent les alexandrins, un style éloquent, c'est vraiment, vraiment excellent. | |
Etienne de Mirage |
Merci à toutes et tous pour vos appréciations appréciées! | |
Banniange |