Les cheminées lèvent leurs doigts
Vers le soleil qui n'est plus là,
Elles lui soufflent leur fumée
Et lui font signe de rester,
Mais rien n'y fait, c'est le frimas
Et ses loups blancs du Dakota
Qui tourbillonnent en nuées
D'un ciel courbé vers ses pensées.
Les cheminées ont le coeur lourd,
Il gronde là haut dans leurs tours
Où s'accolent emmitouflées
Deux colombes désespérées
Car la bise siffle hargneuse
Des ritournelles disgracieuses
Qui vont agresser les passants
Voûtés tels des bossus braillants.
Le ventre noir des cheminées
Digère mal cette flambée,
Ses langues de feu lui font peur,
Le voilà craquant, en terreur,
C'est l'heure où la reine des neiges
Et ces fées blanches en cortège
Vont visiter les moribonds
Pour les guider vers Avalon.
Les cheminées voudraient partir,
Lever l'ancre sans un soupir,
Voguer sur les mers des nuages
Vers les pays des puissants mages
Et devenir de fiers vaisseaux
Aux cales emplies de joyaux
Mais la nuit lugubre ricane,
Le foyer doucement se fane.
Écrit par Banniange
Il faut habiter le monde comme un poète
Catégorie : Environnement
Publié le 03/12/2019
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Environnement à découvrir... | Poèmes de Banniange au hasard |
Annonces Google |
Féerie dans un monde où les choses s'animent et regrettent leur devenir sous ta plume lyrique, une tonalité majeure de ta poésie. Merci Banniange pour ce partage ! | |
jacou |
Je comprends ses cheminées qui voudraient tenter un autre chemin... Bravo Banniange ! |
|
Yuba |
J'adore quand on fait vivre les objets ! Tu connais peut-être l'excellent "Kétala" de Fatou Diome ? Je te le conseille vivement si non... Merci de ton sensible poème, mon passage préféré : les cheminées voudraient partir / lever l'ancre sans un soupir... Bises poète aux mots agiles | |
Ombellune |