Des rues chiffonnées grondent sous les réverbères,
Quelques roulottes en deuil traversent les miroirs,
Sur le perron des saisons, des momies sans mémoire
Déchiffrent le même rêve, rébus sans conséquence,

Les fenêtres collent leur peau à la nuit,
Des funambules foncent dans les airs avec leurs avirons,
Le vent ouvre des portes où n'entre jamais personne,
Dans les terrains vagues, des fauteuils pleurent leur fantôme.

Voici venir le temps aux larmes de vitriol,
Dans les nefs en folie gémissent des squelettes,
Un mannequin bouffi nasille l'Indépendance Day,
Sur les mers suffoquées roulent des vagues en flamme.

Je me souviens d'un jardin où voletaient tes lèvres,
Où dansaient en volupté tes cheveux de fougère,
Où tes yeux de lilas ouvraient les matins mauves,
Je me souviens d'un jardin où courait mon enfance.

La nuit des tournesols toujours dans moi crépite
Même en crapahutant sur des monts analogues
Où se produisait pour tous un magicien vert
Découvrant un mystère au milieu de pépites

Poète au nom breton ta fille au beau nom d'aube
Lève les orages dans des ciels irascibles,
Les yeux des forêts voient les terres soulevées
Aux racines du bien supportant les tréteaux

Ces décors des mondes tremblent dans l'équilibre
Qu'un soleil ordonne dans une cour rapide
Le cosmos où j'éclos chaque matin m'épuise
Pourvu que la dame à la faux ait mon adresse !

Mais vivons à présent qu'un voleur de comètes,
Un barde en voilier, salue les alouettes
Ces vols de haut parage accomplissant les vœux
De tous d'élever l'âme aux cieux peuplés d'astuces

Parmi les fougères derrière les lions roux
Dort une jeune fille auprès d'un faune aphone
Le douanier et l'homme au plaid sont sortis du bois
Poètes recueillis vous êtes leurs enfants !

jacange