Ne cueillez pas la rose avant la fin du jour,
Laissez-là embaumer les ombres d'un amour
Quand meurt le souvenir dans un vase écaillé,
Jeté négligemment tout au fond d'un grenier.

Ne soufflez pas le feu où brûlent les années
Quand valsent les braises d'une passion hantée
Mais voyez la flamme se tordre en baiser
Et chercher la lèvre couchée sous un cyprès.

Ne brisez pas la vague en noyant des regrets,
Laissez-la s'élever vers l'azur enchanté
Car la mer en secret féconde l'avenir
Qu'emportent les sables aux confins du désir.

Enterrez donc vos morts avec indignation
Mais laissez les vivants parcourir les saisons,
Ne les épinglez pas comme des papillons
Que votre deuil contraint ne soit pas leur prison.