Mes jours sont maintenant comptés. Chaque nouveau matin est un évènement
Grimper dans la voiture pour ne pas rester seule est déjà au dessus des forces qui me restent
Mon maître m'aide bien en soulevant mes fesses mais c'est un peu vexant il faut le reconnaître
Des boules un peu partout, comme au printemps, bourgeonnent sur mon corps fatigué par quatorze années de vie
J'ai été très heureuse il faut le reconnaître de trouver chez mes maîtres amour et compassion
Je souhaite pour ma part leur éviter la peine de creuser en été un trou dans le jardin
S'il est un dieu, pour nous les chiens, sur cette terre qu'il me laisse quelques mois encore parmi eux. Je me ferais petite allongée au soleil réchauffant mes vieux os sous les rosiers anglais

Je ne demande pas, je ne suis qu'une bête, un cercueil de chêne et des poignées d'argent mais un trou simplement ou tous viendront mettre une carcasse ou deux du poulet que j'adore

Ne pleurez surtout pas à ma dernière piqûre j'ai vécu comme une reine entourée de vos bras
Et vous voir pleurer me ferait tant de peine que des larmes glisseraient sur ma robe rouge sang
Si je pouvais parler je dirais à mes maîtres de ne pas m'enterrer trop loin de leur fenêtre
Pour avertir leurs rêves l'âme dans les nuages si un mauvais rôdeur passait un peu trop près