On n'est pas plus sérieux à vingt qu'à dix-sept ans.
Aussi, j'adresse ce poème à la châtelaine,
Belle, et d'un esprit malicieux assurément,
Qui réside sans doute en ce domaine.

Nous sommes en août mais je ne suis pas loué...
Aucun petit chiffon n'a paru à ma vue
Hormis les mouchoirs que j'ai acheté puis mouillé.
Peut être pourrions-nous jouer dans les talus ?

Peut être, dans la douce lueur orange, un soir,
Avant que votre père n'arrive pour me choper,
Daignerez-vous sur la pierre vous asseoir
Et sourire avec moi sous le charme champêtre.

Sous vos cils je vous dirais voir mon avenir,
Mais il ne faudra pas nous méprendre, ma chère,
Il y a là de quoi faire un roman, une enchère,
Mais il est probable qu'une nouvelle nous déchire.

En attendant, voulez-vous, je vous en prie,
Accepter mon offre qui n'est pas d'un bandit
Et, attendrie, flâner vers Coupiac le Haut
Afin qu'enfin vous dérobions ce Beau.

Nous n'avons -hélas- que quelques jours d'été,
Inutile de vous dire qu'il faut en profiter.
Tout cœur, même casanier, veut au fond voyager...
Non, n'attendons pas d'être trop âgés !

Antar, 17 Août 2017 à Camprieu

*

NOTE SUR LE TEXTE : Cette lettre a réellement été postée au château de Coupiac le Bas, à Camprieu dans les Cévennes, le 18 Août 2017. La châtelaine (hypothétique) est invitée à flâner vers Coupiac le Haut, le domaine voisin, abandonné depuis vingt ans et investi par l'auteur qui en a trouvé les clés récemment.