Dès que le chagrin domine l'espace se réduit,
Il enserre l'âme dans une sphère nauséeuse,
Mais si l'amour en son essence le détruit,
Il se crée une aura saine et silencieuse.

C'est ainsi qu'elle ressentait
Les mots rassurants d'un père,
Les gestes discrets d'une mère,
C'est sûr, elle n'était hantée !

Si tellement de gens l'aiment sans condition,
Pourquoi cette ineffable brûlure l'accable ?
Mais déjà elle sent la douleur acceptable,
La vie lui offre quelques compromissions.

Et eux la voyaient comme cela,
Un peu solitaire et maladive;
Nimbée de cette idée d'au-delà
A l'instar d'une fée captive !

Alors que les objets sont investis, magiques,
Ont-ils une âme au demeurant des poètes ?
Pour les êtres tristes et nostalgiques,
Parfois ils recréent l'idylle secrète.

Lui n'avait pas d'ami, jamais !
Il semblait ne respirer qu'elle,
Sa mère sans cesse lui disait
Tu vivras dans une citadelle.

Les adolescences qui se heurtent aux écueils,
Des angles saillants de la seule raison,
Préparent en fin de compte le cercueil,
Afin de donner un sens à la déraison !

C'est ainsi que je les voyais,
Ces choses tangibles de la vie;
Irrévérencieux comme je l'étais,
Submergé par le flot de l'envie.

Mais l'âge mûr est une demeure si plaisante,
Qu'il m'est agréable de savoir renaître,
Désormais je ne veux plus disparaître,
Etre moi, sous l'aube enveloppante...

Je suis cet adulte contemplatif,
Qui solidarise les fragments,
J'analyse mon vaste monument
Comme un éveil aux superlatifs !

OR