Bacharach
Alors que le soleil d'octobre brillait encor
Sur certaines abeilles et sur cette mer d'or
De la vigne et des bois, de vibrants éclats mauves
Accompagnaient nos pas : des sauterelles fauves.
Depuis Kaub nous longions la crête des collines ;
En bas nous entendions les péniches en ligne :
Grondements aquatiques des hélices et remous
De reflets argentiques sur l'eau sombre qui bout.
La nuit nous avions vu, des deux côtés du Rhin,
Le long bruit sec et nu de grands convois de trains ;
Leurs lampes dans le noir nous avaient rappelé
L'étrange train du soir d'un manga japonais.
Après un sol jonché de glands et de cupules,
Le regard accroché au vol des libellules,
Nous avions bruni nos mains sur quelques noix,
Trouvé un petit nid de mousse tombé bas,
Et puis dans un chemin, la rencontre incertaine
De réfugiés syriens ramassant des châtaignes
Avait laissé pensifs nos regards sur la vie :
Sur quel rafiot poussif le mektoub nous convie ?
Plus loin, quelques sarments nous avaient vu tirer
Des grappes aux Allemands, de doux reflets cuivrés.
Dans leurs grains si serrés qui crevaient sous nos doigts
Le jus frais et sucré sentait comme autrefois.
C'est alors qu'apparurent le bourg et son château,
Le schiste des toitures, comme pris dans l'étau
D'un grand pli du relief. Toile peinte d'un art
De l'ancienne noblesse : c'était là Bacharach.
Je crois que c'est Heine qui nous menait ici.
Nous avions lu, plus jeunes, son livre de Rabbi :
Une histoire d'enfant mort et de Juifs accusés,
Un moment où un tort terrifiant est causé.
Aubépin des Ardrets
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Extrait du brouillon
https://2.bp.blogspot.com/-t8bG9KncAI8/W8b0SAO8TXI/AAAAAAAABBE/SUT_3W_WOUQdIQi3B4Y-Pm5rMNxWfpwOQCLcBGAs/s1600/IMG_20181017_092548.jpg
Écrit par AdA
Mais avant de goûter
La chaleur de la chair Je veux être hébété D'esprit tranchant et clair Catégorie : Divers
Publié le 20/03/2019
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Merveilleux poème ! Où comment le Mektoub fait croiser des destins en survie et permet des rencontres impossibles ... Merci Ada , sans être graphologue , je trouve que votre écriture est belle et reflète le vif de votre sensibilité poétique ! |
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Yuba |
Merci de nous offrir ce magnifique voyage dans le monde de la belle poésie. Amitiés |
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lefebvre |
L'un des meilleurs poèmes que j'ai lus sur ce site, mille mercis Aubépin pour ce don poétique que vous cultivez ! Je l'ai lu et relu, tout y est : les liens du passé au présent, l'hommage à la poésie de Heine, les traditions anciennes et l'époque moderne mêlées, un parfum d'Apollinaire aussi, et le plaisir des très beaux vers sertis de mots colorés ! Hop, dans mes favoris, et tout en haut de la pile comme il se doit ! | |
jacou |
@Yuba Merci pour cette lecture. Le Mektoub est partout, qui rend possible l'impossible... J'ignore ce que peut dire mon écriture, en revanche, les ratures, les mots ajoutés, retranchés, déplacés, défigurés ou autres que recèlent les brouillons me passionnent, j'imagine qu'il en est de même pour certains autres : c'est pour cela que je poste également des photos de brouillons quand j'en retrouve. J'adorerais aussi voir les brouillons d'autres personnes écrivant et postant leurs textes ;-) @lefebvre Je suis sensible à votre commentaire. Merci d'avoir pris le temps de lire ce texte ;-) @jacou Merci, pour tous vos mots, toutes vos réflexions et tous vos compliments - sans doute immérités - que vous distribuez si généreusement. Ce texte correspond très exactement à ce que Bacharach sut imprimer en moi. |
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AdA |