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» Tout et rien » Les poèmes les plus mystérieux
Commentaires
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Posté le 20/04/2019 à 17:25:26
Bonjour, Voici un espace dédié à tous les poèmes dont le sens est un mystère... Faites-nous découvrir des poèmes qui ressemblent à des énigmes :) Voici "Voyelles" d'Arthur Rimbaud : A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges : — O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! |
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grêle |
Posté le 22/04/2019 à 03:17:13
Merci Marine ! Je suis allé puiser au Ptyx ce poème de Stéphane Mallarmé : Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx, L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore, Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix Que ne recueille pas de cinéraire amphore Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx, Aboli bibelot d’inanité sonore, (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.) Mais proche la croisée au nord vacante, un or Agonise selon peut-être le décor Des licornes ruant du feu contre une nixe, Elle, défunte nue en le miroir, encor Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe De scintillations sitôt le septuor. |
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jacou |
Posté le 24/04/2019 à 22:32:23
Sublime poème Georges ! Merci du partage, il est étincelant de mystère et d'ailleurs j'adore Mallarmé... Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu ce poète et ne connaissais pas cette pépite... | |
grêle |
Posté le 16/06/2019 à 22:15:42
Voici "Reposez-vous" de Jean-Pierre Duprey Reposez-vous, mangeurs de choses, Ou prenez-moi par une main qui dévore. Au fond du jeu qui me suppose, Se font, se défont les tissus du corps. Reposez-moi, mangeurs de choses, Entre les doigts défaits de la main bleue Qui file, autour de la nuit qui m’expose, Ses ongles, larmes séchées d’anges creux. J’ai mémoire encore de poutrelles, Au-dessus du lac qui saborde Ses propres surfaces sous ses ailes; Et puis les gestes prêtés à l’ordre Et les gestes d’intervention D’une muraille plantée de coudes Qui ne jure l’absolution Que pour cette partie de chair lourde Pressée ailleurs ; Alors qu’ailleurs encore Ailleurs encore Toutes mes parties de peur Parties de peur Tournent autour de la charrette des couleurs. |
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grêle |
Posté le 30/06/2019 à 09:10:53
J'ai découvert une merveille de Philippe Jaccottet. Merci Georges de m'avoir conseillé ce poète ! *Le locataire* Nous habitons une maison légère haut dans les airs, le vent et la lumière la cloisonnent en se croisant, parfois tout est si clair que nous en oublions les ans, nous volons dans un ciel à chaque porte plus ouvert. Les arbres sont en bas, l’herbe plus bas, le monde vert, scintillant le matin et, quand vient la nuit, s’éteignant, et les montagnes qui respirent dans l’éloignement sont si minces que le regard errant passe au travers. La lumière est bâtie sur un abîme, elle est tremblante, hâtons-nous donc de demeurer dans ce vibrant séjour, car elle s’enténèbre de poussière en peu de jours ou bien elle se brise et tout à coup nous ensanglante. Porte le locataire dans la terre, toi, servante ! Il a les yeux fermés, nous l’avons trouvé dans la cour, si tu lui as donné entre deux portes ton amour, descends-le maintenant dans l’humide maison des plantes. |
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grêle |